YOUSSEF KTIRI
   
BOURSE DE LA FONDATION
25 000 $
Supélec Rennes
RC Rennes Du Guesclin
Conseiller Jacques Kérisit
 
JAPON
 
 
 
 
 
      6 octobre 2012
 
Bonjour,

C’est avec plaisir que je vous transmets ce courrier de Youssef, cet étudiant marocain exceptionnel, parrainé par le RC Rennes Du Guesclin et sélectionné en son temps pour une bourse de la Fondation Rotary. Beaucoup d'entre vous se souviennent certainement de son emphase, de l'immense difficulté de son challenge (rappelons qu'il a réussit à intégrer la meilleure université japonaise où tous les cours sont délivré en japonais), de sa prestation aux Conférences de District à Rennes et à Brest et de sa grande satisfaction d'avoir été aidé par le Rotary (un sourire inoubliable lorsqu’il apprit sa sélection !). Sa reconnaissance envers notre mouvement se traduira certainement, à son retour, par une admission dans un club Rotaract ou Rotary.

Pour ma part j'ai eu le privilège de le préparer à "affronter" tous ces obstacles (que de souvenirs!) et c'est une très grande joie de constater que son Master a été acquis avec brio.

Si vous souhaitez le féliciter il vous en saura certainement gré.

Amitiés,
Jacques KÉRISIT
 
 

Monsieur Kérisit,

J'espère que votre famille et vous vous portez au mieux et que cette année encore a été très belle pour le Rotary. J'ai fini mon Master à l'Université de Tokyo la semaine dernière. Je vous écris au terme de deux années des plus belles et enrichissantes ici au Japon.

Tout d'abord je tiens à m'excuser très sincèrement de ne pas avoir donne de nouvelles. Je vous avoue être passe par une période dure après la fin de la bourse du Rotary. Je m'étais retrouve rapidement sans fonds pour poursuivre mes études, j'ai du beaucoup travailler à temps partiel alors que le rythme de mes études ne m'en laissait pas la marge et que j'étais dans l'obligation de produire de bons résultats pour réussir. En cette période j'ai bien évidemment pu compter sur l'aide du Rotary qui m'a aide à trouver un logement à prix abordable et qui m'a fait le don de meubles et autres objets nécessaires pour vivre ici. Au vu de mes résultats universitaires, j'ai cependant pu bénéficier pour mes 6 derniers mois d'études d'une bourse Japonaise (les bourses ici sont très dures a avoir), j'ai pu alors reprofiter pleinement de ma vie ici et me reconcentrer pleinement sur ma thèse. Ma thèse de Master a été notée A, puis a travers mes résultats de recherche j'ai pu participer a 5 conférences ou j'y ai donc publie 5 papiers.

En deux ans j'ai visite Kyoto, Okayama, Hokkaido, Nogoya et beaucoup d'autres endroits au Japon, j'ai des amis ici de presque toutes les nationalités, et j'ai appris combien le Japon peut être un pays formidable ou il fait bon vivre, puis en parlant aujourd'hui un Japonais fluide, ayant parfait mon intégration, combien les Japonais sont géniaux. Mes amis français viennent me voir au Japon, j'ai passe avec eux certains des meilleurs moments ici !

Pour ce qui est du futur, je reste continuer ma recherche a l'Universite de Tokyo. Je compte donc faire une thèse dans le même laboratoire. L'objectif pour ma thèse sera de créer une équipe de robots pour localiser les survivants suite a des tremblements de terre ou autres cataclysmes. Pour cela nous travaillons ici à la construction de minis hélicoptères et autres robots terrestres capable d'analyser puis d'explorer intelligemment et très rapidement, sans intervention de l'homme, de large territoires endommages par des cataclysmes. Plusieurs docteurs de notre laboratoire ont pu a l'issue de leur thèse crée leur entreprise, ils sont aujourd'hui indépendants et heureux a faire ce qu'ils aiment. J'espère de tout cœur pouvoir un jour suivre leurs traces.

J'espère pouvoir bientôt rentrer en France pour quelques jours, j'aimerais beaucoup visiter la Bretagne à nouveau. Au Rotary j'aimerais encore une fois réitérer mes sentiments de gratitude et mes plus sincères remerciements. Sans vous, rien de tout cela n'aurait été possible !

Permettez-vous de vous envoyer en pièces jointes quelques photos de mon séjour ici. Mes amitiés et mon bonjour pour tout le monde,

Bien cordialement,
Youssef.

 
Cliquez sur une image pour l'agrandir
 
 
 
 
      12 janvier 2011
 
カチリ ユセフ 2010年12月
JSK 研究室、東京大学
東京都北区西ヶ原3‐26‐8
ktiri.youssef@gmail.com ロータリ財団のレポート

フランスのロータリレンヌヅゲクレヌの皆様、東京のロータリの皆様、ロータリ財 団の皆様、 このドキュメントは、ロータリ財団の最初のレポートです。ここでは、日本につい ての一般的な印象、東京大学での勉強、日本のロータリとの経験について述べます。 私は日本語をまだ完全に習得していませんので、いくつかの事柄は少々不器用な表 現を含むかもしれません。ご寛容くださいませ。
私は初めて日本に来たとき、日本人の生活の多くの側面によって驚かされました。 その中で、私の観点からいうと、日本人自身がいちばん面白い側面です。人々は高 い倫理と規律をもって動いています。日本国の力は最後の言う事の反射だとおもい ます。人種、宗教、社会的な立場はどのようなものでも、日本人は尊敬と礼儀をも って重んじます。道路がきれいであり、すべてが組織的に動いている上、店の店員 は、どこでも、どんなに困難な仕事になっても、店に入るお客様にいらっしゃいま せと言い、店を出るお客様にありがとうございますと言います。もちろん、日本国 外でこのようなこともあります。しかし、日本国外でこのようなふるまいをすると、店員の礼儀が良すぎるといわれてしまいます。日本の場合はこれが普通になされて います。

さらに、言葉の中で日本人が統計的に最も頻繁に使用するものとして、第一位に"す みません"と"ありがとう"と"いらっしゃい"が挙げられます。私は、日本では、人々 は不平や抗議をあまりしていないと感じます。問題や内部危機があるにも関わらず、 皆が働きすぎています。日本で別の手続きが迅速に実行されます。面白いことは、 私のパスポートがアラビア語とフランス語で書かれていたため、このパスポートを 日本人に渡したところ、その人は開けると青白い顔をし、あからさまに"難しい!!" と言い、必要な情報を読み取るために彼と手伝った他の四人で分析していました。 やっぱりこの時代には、モロッコ人やその他の人々にしてみれば、パスポートは英 語版でも書かれているべきです!
 
前の話をもとに考えると日本は確かに賞賛に値します。しかし、この規則正しい生 活にはいくつの欠点があると思います。普段から日本人は働くあまり、疲れるよう になり、効率が早くから減少してしまっています。地下鉄では何時でも人々が座る か立って寝ています。それに加えて、自分の家から職場までは一時間の通勤時間が 普通になっています。

日本人は"いいえ"をあまり使っていません。しかし、日本語では"はい"を表現する ためにはいろいろな方法があります。なぜこのような現象があるかはわかっていま せん。ですから、どちらかよく分からないときは"‘いいえ’ですね?"と聞き返し てしまいます。この質問に対して"‘はい’です。すみません。"と言われることは 全然ありませんでした。その時以来わかりました。答えは"はい"と異なったら"いい え"のような意味です。

フランスでは、皆が情熱と気質で会話し、議論が好きです。日本ではそんなによく 話し合わないと思います。たとえば、過ちや問題があったら他人はあまり知らせて きません。また、日本人があなたのことを本当に好きかどうか知ることはそんな単 純ではないと感じます。大体若者は流行を重んじています。渋谷のような場所にお いてこれは面白く時々一風変わった光景を生じさせています。

要約すると、日本は友好的で働き者で非難をしない社会です。これは私が日本に対 して思った日本の最初の姿です。
モロッコでは平均月収が三万円ぐらいです。ですから、私の観点から言うと東京の 生活費は非常に高いです。果実と野菜と肉はフランスに比べると値が張ります。数 量は合理化されています。ただし、これらはたしかに最高級品です。ス-パ-でよ くオレンジ一つが390円ぐらいなのを見つけます。そんな価格をはじめて見たと きは驚きのあまり話す力がなくなってしまいました。モロッコではオレンジ一キロ は30 円以下です。

日本では時々、地震が起こります。それは頻繁に発生しているのにもかかわらず全 然慣れることができない日本の側面の一部です。東京に到着して以来もう四回もの 地震が発生しました。これはもちろん私にとって多い頻度です。一番強いのはリヒ ター・スケールで6.0を記録しましたが、海岸から遠くでしたので、被害があり ませんでした。私にとって同じような感覚だった別の地震はリヒター・スケールで 3.3、震源地は東京から20キロ離れたところにありました。

私は日光と鎌倉などのようないくつかの観光地を訪問する機会がありました。旅行 は絶対に価値があります。秋には寺院や紅葉の組み合わせが人の目にとって栄養と なります。

東京大学で、私の好きな分野を勉強するのは非常によい機会です。時々、学生証を 持っていることで人生を過ごす上でいくつかの事がしやすくなることがあります。
 
 
PREMIER RAPPORT A LA FONDATION ROTARY
Chers Rotariens du Japon,
chers Rotariens de France et de la Fondation Rotary,

Le document suivant constitue mon premier rapport à la Fondation Rotary. J’y partage mes impressions et remarques sur le Japon. J’y parle également de l’Université de Tokyo ainsi que de mon club d’accueil Tokyo Ueno.

J’aimerais entamer ces quelques lignes par la naïve mais n’en demeurant pas moins sincère remarque…formidable Japon ! Et quelle formidable expérience ! Je vous avoue qu’au début de mon voyage j’appréhendais quelque peu, ce qui je crois est dans l’ordre des choses, d’être aussi loin de ce que j’eus pu jusque-là connaître et de tomber dans un environnent combien original et très peu familier. Mais avec le temps qui passe, plus d’avoir trouvé mes marques, je prends beaucoup de plaisir à vivre chaque moment qui s’écoule.

Je crois sincèrement que les Japonais eux-mêmes sont la partie la plus étonnante de mon sujet. La société Japonaise comporte de formidables originalités. Les Japonais font preuve d’une grande discipline et d’une grande éthique dans tous les domaines de la vie. Un Japonais vous traitera toujours avec respect et courtoisie quel que soit son âge, son sexe, son niveau d’éducation ou alors sa profession. Les rues sont extrêmement propres, tout est organisé, calculé. Les marchands ont cette habitude invincible de souhaiter bienvenue puis merci à chaque client. Les Japonais emploient également une énergie et une assiduité véritable dans leur travail, aussi pénible qu’il puisse être. Cet excès d’énergie, cette courtoisie excédentaire qui meut tout en chacun ici, quand bien même put-elle être appréciée dans des sociétés étrangères, est prise comme une norme qui régit le comportement quotidien des Japonais.

Je crois également que dans la statistique des mots que les Japonais emploient le plus souvent vous trouverez très confortablement placées aux premières positions les expressions : excusez-moi, je vous remercie et bienvenue. Je ressens qu’il n’est pas vraiment coutume de râler Japon, de protester, on est satisfait en toutes circonstances. Les formalités au Japon se règlent rapidement, on est à la fois à l’écoute et très aimable. Dans les procédures, je me suis habitué à une certaine scène qui me fera décidément toujours sourire : lorsque je présente mon passeport marocain écrit à la fois en Arabe en Français, je vois instantanément le visage de mon interlocuteur blêmir, se transformer, il accourt alors aussitôt vers ses autres collaborateurs. Je vois alors quelques 5-6 personnes penchées sur le dit document, on se réunit, se concerte, j’entends des « muzukashiii » pour dire que l’on ne comprend pas ce qui écrit, on accourt également vers le chef de service, celui avec le plus d’expérience, on lui demande son avis, puis enfin on revient me voir enfin pour me demander de les aider à traduire…à l’heure qu’il est, je crois qu’il est temps pour nous, marocains ou citoyens du monde en général, de joindre une version Anglaise de nos passeports…
 
Bien sûr cela force l’admiration. Cependant, au-delà de la simple observation, je pense que ce rythme Japonais a parfois son lot de travers. Les gens accumulent la fatigue, deviennent moins efficaces.
Dans le métro, à 9h comme à 23h, les gens dorment debout ou assis, il n’est pas étonnant de voir des personnes, trop emportées par la somnolence, rater leur arrêt. Les trajets à Tokyo sont souvent longs.
Une heure de trajet depuis la maison jusqu’au travail est un temps de référence ici.

Au Japon on ne dit pas non. Il y a dans la langue Japonaise une variété appréciable de formules pour exprimer le oui. Au début de mon expérience je ne comprenais pas. Je regardais patiemment mon interlocuteur, j’attendais dans le flot de paroles qu’on dise « non merci » sans que ce ne soit jamais arrivé. J’insistai alors « donc c’est non ? », et à cette question précise on ne répondait toujours pas ni par « non » ni par « oui ». On préfère ici faire les choses, cela eut‐il pu déplaire plutôt que de refuser de les faire.

En France, vous entendrez souvent parler de leadership, on parle avec tempérament et avec passion, on aime provoquer la discussion, on apprécie le second degré. En France, on se plait à former des individus avec qui se démarquent, qui prennent la parole, qui osent. Au Japon on parle beaucoup moins, on est beaucoup plus timide, on communique beaucoup moins, on ne dit jamais de ce qui ne va pas, il faut le deviner. Je trouve que c’est le point le plus difficile à vivre ici. On peut très difficilement le savoir lorsqu’un Japonais vous apprécie ou non puisqu’un Japonais déroulera toujours le même tissu agréable et courtois.

Voilà la première image qui s’est dressée devant moi en arrivant au Japon, une société sympathique, peuplée de réelles fourmis qui tiennent impeccablement leurs rôles, avec néanmoins des difficultés parfois à s’exprimer à ciel ouvert.
La religion vue par les Japonais est également très différente de l’Europe. Le Japon est assis sur une longue tradition Bouddhiste et Shintoïste. D’ailleurs les temples qui bourgeonnent un peu partout dans Tokyo donnent beaucoup de charme à la ville. Néanmoins, dans l’esprit des Japonais je pense qu’il y a moins de préjugés à l’égard d’une religion ou d’une autre. On fête également Noël avec beaucoup d’entrain.

D’une toute autre perspective, la mode est profusément consommée par les tokyoïtes. Dans des quartiers « tendance » comme Shibuya cela donne lieu à un spectacle intéressant, je vous l’avoue parfois troublant par son excentricité. En cette période de l’année, j’admire et quelque part je remercie, le courage des jeunes demoiselles qui persistent à porter des jupes la fois faibles en tissu et courtes, mais bien sûr, le plus important étant, grandement à la mode.

La vie est chère à Tokyo. En disant cela-même je crois encore tomber dans l’euphémisme, surtout alors que je viens d’un pays où le salaire moyen se situe près de 300 euros. Bien évidemment les produits européens coûtent cher ici (quelque 5 euros pour 100ml de crème légère) et les portions de viande et de légumes sont très rationnalisées. Vous trouvez également, emballée dans un tissu qui ailleurs eut pu coûter plus cher que son contenant, une unique orange à 4 euros. Au Maroc on peut bien évidemment acheter un kilo d’oranges à 20 centimes. Inutile de préciser que la viande de boeuf devient pour la consommation un mauvais choix budgétaire.

De temps à autre, on peut sentir la terre trembler ici. Je crois que cela fait partie des choses de la vie dont on ne s’habitue décidément jamais. Depuis que je suis à Tokyo j’en suis à ma quatrième secousse, ce qui en trois mois et dans mon référentiel reste assez remarquable. Le plus puissant à s’être produit est un 6 à l’échelle de Richter, à 800 kilomètres des côtes, il en était demeuré bien trop loin pour produire quelque dégât. A sensation égale, un 3.3 dont l’épicentre ne se situait pas loin de 20 kilomètres.

J’ai eu l’occasion de visiter certains des sites touristiques du pays situés aux abords de la capitale comme Kamakura ou Nikko. Le voyage en vaut certainement le détour et à plus forte raison en automne. Les temples immergés dans une végétation de feuilles rouges « récitent » une des plus fines partitions que j’ai pu écouter à ce jour.
Mes études à l’Université de Tokyo sont un régal même que le fait d’en posséder la carte d’étudiant peut parfois faciliter certaines choses de la vie au Japon. Par exemple, au Japon, les policiers s’évertuent à contrôler la provenance des vélos qui circulent des les rues. Les étrangers en font plus souvent les frais. C’est normal. Aussi quelque six fois l’on m’a arrêté pour m’interroger à propos de mon vélo. Autant ai‐je pu voir en la première de ces anecdotes une expérience originale, autant la troisième je perdais patience à réciter le même discours pour lequel on n’arrivait toujours pas à estimer immédiatement la cohérence. La quatrième, j’avais immédiatement montré ma carte d’étudiant, sans poser plus de questions, les policiers s’exclamèrent « Ahh Todai ! », se regardèrent avec un hochement de tête, me remirent la carte, me firent un réel salut militaire en s’excusant sincèrement, …j’étais libéré en moins de temps qu’il m’a fallu pour le dire…

Les études à l’Université de Tokyo sont plutôt différentes dans la nature de mes études en France. En France, les cours et les bases théoriques ont une importance capitale, on aime être généraliste. De plus, la France est le pays des Mathématiques. On y aime les démonstrations précises et rigoureuses, les beaux théorèmes, on aime connaître les secrets de fabrique. Bien sûr une telle approche a le mérite de développer un esprit très curieux et très solide mais a bien évidemment son lot de travers.

En somme, « L’ingénieur Français doit avoir les outils pour résoudre à lui seul n’importe quel problème ». Au Japon, on aime plutôt se spécialiser, le terme généraliste est quelque chose qu’on connaît très mal ici. On étudie uniquement tout ce qui aurait pu se rapprocher de près à notre recherche. On ne s’embarrasse parfois pas des détails l’important étant que ça puisse marcher. C’est déjà une approche plus versée vers l’expérimental, vers la pratique. Quant à la théorie, on l’apprend au fur et à mesure qu’en arrive le besoin. En somme, « même s’il peut parfois manquer de rigueur, l’ingénieur Japonais ose plus, expérimente plus, doit mettre sa spécialité au service des autres spécialistes pour résoudre des problèmes à plus grande échelle ».

Au début, je perdais beaucoup de temps à vouloir redémontrer systématiquement les choses. Depuis, j’ai appris à plus faire confiance et à dès lors avancer plus vite, ce qui dans la pratique de la recherche s’avère salutaire. Mon travail à l’Université de Tokyo est essentiellement, même presque unilatéralement un travail de recherche. Mes professeurs respectent beaucoup le choix et les préférences de leurs élèves quant au sujet de recherche qu’ils veulent mener. Ici l’initiative n’est pas un choix, c’est un mot d’ordre.

A mon arrivée dans mon laboratoire, certaines pratiques m’avaient étonné voire même choqué.
Aujourd’hui je les comprends plus et j’y adhère parfois entièrement. Les élèves comme les professeurs (d’ailleurs dans la recherche la distinction s’amoindrit considérablement) quittent pour une grande partie le laboratoire au-delà de minuit. Il m’est même arrivé de quitter le laboratoire à trois heures du matin, et même à cette heure-ci, le laboratoire bourdonnait encore de vie. Dix heures ou onze du soir est le ratio normal. C’est d’ailleurs plutôt à dix heures du soir que le métro connaît sa pointe de fréquentation ici. Très souvent, certains de mes amis choisissent de passer la nuit dans le
laboratoire, pour certains je les retrouve le matin en moitié de pyjama, une tasse de café à la main.

Ici les choses avancent vite et à rythme effréné. Travailler beaucoup, tout le temps est pour tout le monde l’unique solution pour soutenir la cadence. Mais je vous avoue que lorsqu’on aime ce que l’on fait, on ne voit même plus le temps passer. J’espère avoir prochainement l’occasion de partager avec vous certains de mes résultats. Un des avantages incontestables à travailler dans les laboratoires de l’Université, c’est qu’on voit des inventions sortir avant l’heure, on y participe, puis on sait quelque part à quoi devrait ressembler l’état de la technologie dans quelques années, on ne s’en étonne plus, et c’est bien fascinant. Les laboratoires possèdent également des ressources très importantes. Dans mon laboratoire par exemple, il y a plus de robots que d’étudiants à travailler dessus.

L’un des plus grands charmes de l’Université est son timbre international. Les pays asiatiques détiennent sans surprise l’écrasante majorité ici. Les américains répondent également présents. La France est le pays européen le plus représenté avec peut-être, toutes spécialités confondues, professeurs, post-doctorants, doctorants et Masters pas loin d’une cinquantaine de représentants  alors que les pays africains comptent peut-être pour une dizaine de personnes. Il est très épanouissant de rencontrer des gens de cultures différentes, de vécu et de traditions différents, doués, et de remarquer, quand bien même cette différente peut grandir, que le champ des valeurs humaines n’en demeure pas moins une constante universelle et que l’amitié se place à équidistance entre tous les pays.

Je conclurai en parlant du Rotary. Le Rotary Japonais fut la première image que je me suis forgé du Japon. Je fus accueilli à l’aéroport par des Rotariens de mon club Tokyo Ueno puis je passai mes premiers jours ici au sein de la famille de mon parrain d’accueil Mr. Abe. J’ai passé d’excellents moments en la compagnie de Monsieur Abe. Grâce à lui j’ai pu visiter le Japon comme jamais je n’aurais pu le faire tout seul. Un soir, nous avons mangé au restaurant Marocain ici, et je vous avoue que la vue d’une famille japonaise abordant un tajine à la manière marocaine, « avec les doigts » est un spectacle qui donne le sourire.

J’assiste à une réunion statuaire par mois, et c’est toujours avec un immense soulagement que j’y vais. Cela me permet de rompre avec des semaines entières passées dans la recherche. On y chante l’hymne du Rotary à tue-tête, on y souhaite le joyeux anniversaires aux membres, on accueille des invités pour parler, on discute du calendrier Rotarien, on rit et surtout on y mange très bien. Et pardessus tout, comme cela a été le cas pour moi à Rennes, combien loin de sa propre famille, de son propre pays, cela fait quelque part chaud au coeur de se rendre dans un lieu où tout le monde vous accueille avec beaucoup de chaleur et de sourire, où désormais les visages sont devenus très familiers. Le club a également organisé une soirée en l’honneur de ses boursiers, une soirée mémorable avec si je puis rajouter le commentaire, une vue sur magnifique sur Tokyo accompagnée des mets les plus exquis !

J’ai également eu l’occasion de rencontrer l’ensemble des boursiers rotariens venus au Japon pour la présente année scolaire, des Argentins, Américains, Canadiens, Malaisiens, vénézuéliens…soit une quinzaine au total. Ils appartiennent quasiment tous (à une exception près qui étudie l’Histoire) au Master pour la résolution des conflits internationaux qui se tient à la Christian University of Tokyo. Ce sont bien évidemment des personnes, des amis extrêmement sympathiques.

Vous savez tous en France combien je suis reconnaissant à mon club Rotary Rennes DuGuesclin pour son soutien, et à l’ensemble du District pour son accueil, pour ces délicieux moments passés en son sein, et tout plus généralement pour cette aide si précieuse qu’il nous a apporté à nous autres boursiers de la Bretagne-Mayenne. Je porte le même sentiment de reconnaissance envers mon club Rotary du Japon qui à mon égard a toujours été extrêmement chaleureux. Je reprendrai les paroles d’un ami boursier : « J’ai été dans beaucoup d’endroits dans le monde, j’ai eu pleins de bourses par le passé, mais ici au Rotary ce n’est pas pareil, ils ont vraiment le sens de l’accueil ».

A vous tous,
j’aimerais pour conclure, vous dire une dernière fois dans ces lignes merci et merci encore.
 
Youssef
 
 
 
 
 
 
 
 
 
      11 septembre 2010
 
 
Voici les dernières nouvelles de Youssef.
Il a brillamment passé le difficile concours d'entrée à l'université Todai de Tokyo. Le pari est gagné !

Nous avons osé quelque chose de très difficile et donc non impossible et nous sommes récompensés essentiellement en raison de la polyvalence et surtout de l'excellence d'un candidat très jeune.

Merci à tous ceux qui ont permis le développement du réseau Bourses 1650 et cru en la faisabilité du projet et en celle de la candidature de Youssef.

Merci au Rotary de permettre de telles choses !

Amitiés
Jacques KERISIT
 
 

 
 
Bonjour

Pardonnez-moi de ne pas avoir donné de nouvelles, ces derniers jours ont été plutôt intenses. Problème de visa oblige, il est réglé désormais (Je m'en suis sorti tant bien que mal en Japonais dans mes explications au service d'immigration). 

Il y a encore quelques temps, Mr Kérisit vous m'aviez écrit "une nouvelle vie commence pour toi", mais à vrai dire lorsque vous m'aviez adressé ce mail en Août, je n'avais pas encore l'essentiel de mon projet : l'inscription à Todai. Vous pensiez manifestement que les choses étaient réglées, les moments cruciaux venaient à peine de se présenter. Je ne sais pas si je l'ai suffisamment souligné, mais pour intégrer l'université de Tokyo il faut d'abord passer par un concours.

Même en ayant passé l'été à préparer, j'étais loin de me douter qu'il serait aussi sélectif (mon département est considéré comme le cœur du savoir-faire Japonais, j'étais probablement le plus jeune et inexpérimenté candidat alors que les autres avaient un profil plus beaucoup étoffé que le mien).
 
Revenons donc au jour de mon départ car l'objet de ce mail ici est de vous parler du Rotary pas de mes épreuves. J'ai pris l'avion en direction de Tokyo, le Rotary devait d'accueillir un jour plus tard à l'aéroport international de Tokyo. Après une escale à Dubaï (qui soit-il dit en passant est vraiment impressionnante par la luxuriante et luxurieuse nature de ses infrastructures et de ses édifices), je suis arrivé au bout de quelques 20 heures de voyage à Tokyo.

Comme prévu, à mon arrivée j'ai été accueilli par le Président, le secrétaire et un troisième membre du club Rotary Ueno. Ils sont une cinquantaine de membre en tout au sein de leur club. Rappelons peut-être un fait pour bien comprendre l'environnement où je suis : les Japonais ne parlent que Japonais. Vraiment très peu sont capables d'indiquer un chemin en Anglais.

Je me suis donc trouvé très vite obligé de pratiquer le japonais comme j'aurais parlé Français en France. Mon niveau actuel ne prête pas à satisfaction mais j'en fais, pardonnez-moi le pléonasme, ma première priorité. Il s'agit là plus d'une question de survie qu'autre chose. Arrivé à l'aéroport de Tokyo, j'ai été entièrement pris en charge par les Rotariens. Ils m'ont conduit à mon Parrain Japonais qui m'attendait à la station Ueno, l'une des stations majeures de la capitale, et chez qui je devais être hébergé deux nuits.

L'expérience devait être d'autant plus intéressante que mon Parrain, Mr Abe, est le moine du Shitaya Jinja, que sa maison et le temple ne faisaient qu'un. J'ai été très bien accueilli au sein de sa famille, se sont des personnes formidables. J'ai été initié le soi-même à la cuisine Japonaise, et je dois avouer que, vu la singularité de la cuisine Japonaise vis-à-vis de la cuisine marocaine ou française, mon estomac s'en trouvé plutôt réfractaire. J'essayais tant bien que mal de manger autant que je pouvais, je ne voulais pas paraître impoli.

Mr Abe m'a été d'un grand secours pour m'aider à m'installer au sein de mon logement, de plus ma logeuse s'est trouvée très rassurée de me voir parrainé par lui. N'anticipons pas. Le premier jour il m'a expliqué quelques rituels relatifs au temple et que j'ai vu accomplis par l'un de ses disciples, le deuxième jour j'ai eu la chance d'assister à la fête du temple, où plusieurs centaines de personnes pouvaient profiter de la musique, des animations, des stands culinaires...tout à fait fascinant. J'ai été gentiment introduit à plusieurs personnes, à chaque fois on me présentait comme "le garçon qui parle 4 langues et qui va intégrer Todai, il est fort !", chose à laquelle les Japonais rétorquent en général "wouuuw sugooii", ce qui me mettait quelque part plus de pression sur les épaules, mon examen d'entrée devait se dérouler la semaine suivante, et je ne me considère pas particulièrement "doué".
 
J'ai remercié chaleureusement Mr Abe et sa famille pour cette expérience véritablement exceptionnelle, et je regagnai mon logement pour me préparer au concours. Celui-ci se déroula pendant la semaine du 23-27 Août, à l'issue de laquelle je n'étais vraiment pas fier de ma performance, surtout que comme je vous l'ai expliqué au préalable, la concurrence était rude, et que ma faiblesse en Japonais se révélait pénalisante. 

Les résultats étaient à paraître le 6 Septembre. J'ai profité de cette période de vide pour découvrir Tokyo et ses environs, j'ai visité entre-autres les principaux sites de la capitale ainsi que l'ancienne capitale du Japon Kamakura. 

Tokyo est tout simplement, données officielles à l'appui, la ville la plus chère, la plus riche, la plus dense et peut-être grande du monde devant New York et Los Angeles, et c'est quelque chose qui se laisse apprécier facilement lorsque vous vous baladez dans ses rues. Aux heures de pointe, le métro est tellement surchargé que les Japonais ont développé le don de se mettre véritablement les uns sur les autres, les passages piétons sont en moyenne deux à trois fois plus larges que la normale (mon référentiel de normalité étant la France), et les gratte-ciels poussent partout.

A première vue, les Japonais sont assez aisés, même s'ils habitent en général de petites demeures, ils collectionnent des voitures luxueuses, s'habillent très bien, et surtout consomment énormément (des produits japonais bien sûr !). Leur humeur envers les étrangers est changeante : c'est vrai que dans la rue on a quelque peu tendance à me dévisager, mais en général lorsque vous parlez Japonais avec eux, ils sont prêts à faire tout pour vous aider, l'Anglais semble être un bien mauvais choix pour entamer une discussion. Par ailleurs, ils montrent un respect et un professionnalisme à toute épreuve : les rues sont extrêmement propre, le métro aussi, la sécurité est totale (les portes sont rarement fermées et les gens laissent trainer leurs vélos sans verrou, j'ai même vu des voitures abandonnées avec les clefs à l'intérieur, mon parrain Japonais notamment).

La chose qui me paraît la plus bizarre cependant, est qu'ici les gens ne paraissent pas suffisamment expressifs pour laisser transparaître ce qu'ils pensent vraiment, parfois vous vous heurtez à la même façade constamment, sans jamais percer le mystère de ce qu’ils eussent pu penser de vous, ressentir les choses...  

J'ai reçu mes résultats le lundi dernier. Ce jour-là, depuis mon logement jusqu'à à l'endroit où devaient paraître les résultats, jamais un chemin ne m'a paru aussi long. Plus que d'anéantir les deux ans de travail qu'il m'a fallu dans ce projet, ma plus grande crainte était de décevoir tous ces investisseurs qui m'avaient accordé leur confiance (Rotary, Supelec, mes parents, mes amis, ma "petite amie"....). Je dramatise, et pardonnez-moi le ridicule de la phrase qui va suivre, mais j'ai assumé ce projet avec un sourire sur le visage mais dans le fond, je savais que le pari était hautement risqué (éligibilité au concours, visa, concours lui-même, j'étais à la limite de la procédure partout, comme à l'origine, pour la bourse du Rotary d'ailleurs) et que le moment où je devais présenter mes excuses à tout le monde pour avoir échoué quelque part en chemin était plus vraisemblable que celui où j'annoncerais ma réussite.

Je devais quand même tenter ma chance, s'il y a bien quelque chose que j'ai apprise durant mon parcours en France, et pour avoir fréquenté Mr Kerisit, c'est qu'il ne faut jamais rien lâcher ! Il en a été donc autrement, j'ai été admis, j'ai été de plus assigné au "laboratoire de mes rêves", probablement le plus performant au Japon (finalement j'ai sûrement du avoir des résultats pas si mauvais que ça).

Lorsque j'ai appris la nouvelle, j'étais tellement soulagé que j'ai pris le métro à contre-sens pendant quatre stations avant de m'en rendre compte. Je vous avoue que cette petite victoire a une saveur particulière parce qu'elle s'était d'abord dressée à moi comme un défi et que j'ai par la suite remporté.

J'ai reçu un flot de félicitations de la part du Rotary Japonais, je suis invité Lundi à la réunion statuaire de mon club Japonais pour "célébrer".
 
Je vous enverrai plus de nouvelles à l'occasion.

Encore merci pour tout, sans votre gentillesse à tous les deux, celle de mon club parrain français et celle du district, je ne serais pas là aujourd'hui. Et puis vous aviez raison, venir au Japon dans le cadre du Rotary ce n'est pas du tout la même chose. Cela laisse transparaître une expérience combien plus sympathique et enrichissante. 

Un nouveau chapitre commence pour moi avec comme fil directeur "devenir performant en Japonais en quelques semaines".

Et puis, permettez-moi de conclure de manière informelle : "Vive le Rotary ! Et à bientôt !"
 
Youssef
 
 
 
 
2014/2015
 
BOURSES PROF.
Bruno LE BASTARD
Chloé SENECAL
 
BOURSES D'ETUDES
Jérémy ANGEMAIER
Lucile BACHELIER
Agathe CHRISTIEN
Anatole DANTO
Thibault ALCORANI
Elodie CLEQUIN
Amandine LANNEVAL
Adeline LE CLEZIO
Florian RENAULT
Clara SAUVETRE
   
L'EUROPE ET LES JEUNES
Nicolas LE BLEÏS
Bruno PEDUZZI
Nicolas HUCHET
 
2013/2014
 
BOURSES PROF.
Manon DILER
Jérémy ANGEMAIER
Claire LEBRET
 
BOURSES D'ETUDES
Etienne AMOURET
Pauline ELUERE
Lucas KRIEF
Manon LAINE SILAS
Guillaume LEGRAND
Margaux LENOIR
   
L'EUROPE ET LES JEUNES
Jean-Marie PEDRON
Benoît CONAN
 
2012/2013
 
BOURSES FONDATION
Benoit VALLEE
 
BOURSES PROF.
Maxence DOUET
Anne Gaëlle LE COUSTER
 
BOURSES D'ETUDES
Hervé BERVILLE
Margaux BLANDEL COQUET
Hélène DESPONS
Brice DIDIER
Alexandra HERMAN
Anne JONCHERAY
Lola LEMOING
Anne-Hélène MAHE
Gladys NEVANNEN
Aurélie NOLLET
 
2011/2012
 
BOURSES FONDATION
Kanako MAKINO
Aurélie BRAULT
 
BOURSES ROTARY MONDE
Floriane PREVERT
Mayline GUILLOU
Bruno FURCY
Emilie LE GOUX
Morgane LE GUYADER
Laura MARTINACHE
 
BOURSES ROTARY EUROPE
Alix ROELLINGER
Sylvain PIEL
 
2010/2011
 
BOURSES FONDATION
Pauline BOZEC
Youssef KTIRI
 
BOURSES ROTARY MONDE
Joaquima MIMOSO FACHADA
William TE
Marie Charlotte PHILIPPE
Gaëlle REDON
Eriko MUKODA
 
BOURSES ROTARY EUROPE
Marie BELE
Vanessa DELAGE
Julien LEON
 
BOURSES PROF.
Kevin CHEVALLIER
 
2009/2010
 
BOURSES FONDATION
Marco LIM
Eriko MUKODA
 
BOURSES ROTARY MONDE
Henri DOLLFUS
Juliette HAINAUT
Emilie ROLANDIN
 
BOURSES ROTARY EUROPE
Marie-Paola BERTRAND HILLION
Hélène FOURE
Pierre-Marie LEFEUVRE
Yanne-Lucille LEFEVRE
Julie LE SCOUARNEC
Pierrick REMY
Tatiana VAN HUFFEL
 
2008/2009
 
BOURSE FONDATION
Aï HIGASHIKAWA
 
BOURSE EUROPEENNE
Gabriel LECHIEN
 
BOURSE SPECIALE DU JURY
Sylvain DIDOU
 
BOURSES COMP. ERASMUS
Pascaline VINCENT
 
BOURSES PROFESS.
Vincent ROUMIER
Sylvain SEIGNERET
 
2007/2008
 
BOURSES EUROPEENNES
Anthony LEBOUC
 
BOURSES COMP. ERASMUS
Samuel GARNIER
Léa GLIN
Maël GOARZIN
 
2006/2007
 
BOURSE EUROPEENNE
Marine CARON