University of Cambridge, Christ’s College
Année universitaire 2013-2014, MPhil

Cher tous,

Je vous écris pendant les vacances d’hiver, c’est-à-dire entre le premier et le deuxième trimestre de mon MPhil à Cambridge (Master of Philosophy, terme générique désignant le grade master au Royaume-Uni), que l’on nomme là-bas Michaelmas Term and Lent Term. Je vais d’abord présenter mon cursus, avant de parler plus généralement de l’organisation de Cambridge et de ma vie là-bas pendant le trimestre.

Mais, tout d’abord, quelques mots sur moi : je suis rentré à Sciences Po et à Paris-IV, en philosophie, en 2010 et j’ai suivi deux années de double diplôme là-bas. Conformément à ce qui est entendu des élèves de Sciences Po, je suis parti un an à l’étranger, à Rutgers University, aux Etats-Unis. Je me suis ensuite porté candidat au master de philosophie antique de Cambridge, et, l’ayant obtenu, j’ai interrompu mes études à Sciences Po pour un an.

1. Les cours

Le cursus dans lequel je suis inscrit est organisé de la manière suivante : rendu de trois essais au long de l’année, un par trimestre et d’un mémoire de fin d’année (thesis). L’évaluation est faite à partir de ces différents essais. Cependant, j’ai choisi de tirer avantage du département de lettres classiques en demandant de passer un examen de grec ancien à la fin de l’année (en effet, le centre de recherche sur la philosophie antique se situe dans le département de lettres classiques, et non pas de philosophie). A cette fin, je suis des cours intensifs, cinq heures par semaine, de grec tout au long de l’année.

Quant aux essais, ils doivent porter sur la philosophie antique, dans tous ses aspects. J’ai choisi de me concentrer sur certains platoniciens, en particulier Philon d’Alexandrie, Plotin et Augustin, en me concentrant nettement sur Plotin puisque j’envisage Philon et Augustin dans la mesure où leur pensée entre en relation avec Plotin. La question qui m’occupera pour mon mémoire est le rapport de Plotin à Platon, et plus particulièrement d’un des dialogues les plus importants pour la postérité de Platon et la pensée en général, le Timée. La semaine s’organise, outre les cours de langue – grec et allemand – autour de séminaires.

En tant qu’étudiant de master, je n’étais tenu d’assister qu’un seul séminaire, celui des MPhil : nous y avons discuté certains thèmes de la philosophie antique, ainsi que les aspects méthodologiques de son étude. Les doctorants avaient l’équivalent de ce séminaire, dans lequel ils lisent chaque trimestre un texte différent. Pour Michaelmas, nous avons lu le livre X de la République de Platon. Pendant Lent, nous lirons le Phèdre. Enfin, le dernier séminaire se réunit lui aussi autour de l’étude d’un texte particulier, ce trimestre le livre X de l’Ethique à Nicomaque d’Aristote. Une fois toutes les deux semaines au minimum, et une fois par semaine au maximum, je rencontrais mon directeur pour discuter de ce que j’écrivais.
La manière dont cela s’organise est la suivante : je lui envoie la version la plus récente de mon essai, il l’annote et me la renvoie, puis nous en discutons le lendemain.

Cette manière de procéder est, il me semble, particulièrement efficace. Elle permet un contact direct avec un professeur, dans mon cas quelqu’un de très reconnu dans la discipline de la philosophie antique, le Professeur David Sedley (http://homepage.ntlworld.com/sedley/), qui ne peut qu’enrichir lorsqu’on s’investit sérieusement dans son travail. Ses remarques permettent d’approfondir les points encore obscurs, de reconduire un travail mal dirigé auparavant, ou encore d’identifier des choses à développer.
Mon premier trimestre là-bas m’a donc permis de consolider mes acquis et de corriger certaines faiblesses.

2. La vie à Cambridge

L’université de Cambridge a un fonctionnement à part, qu’elle partage avec quelques autres universités anglaises (Oxford, Durham, par exemple). En effet, les étudiants ont à faire avec deux entités administratives bien distinctes : leur college, et l’université.

Le college est une communauté indépendante de chercheurs et d’étudiants qui en principe vit dans les mêmes lieux. Par conséquent, le college regroupe des spécialistes de toutes les disciplines et également des étudiants dont les intérêts divergent fortement. S’y ajoute le fait que le college abrite aussi bien des étudiants de licence, que des masters ou des doctorants.

Cambridge compte trente-et-un colleges, dont les plus vieux remontent au 13e siècle. La plupart sont magnifiques, et ce sont eux qui suscitent l’enthousiasme des touristes qu’on voit se balader tout au long de l’année. Le college, outre le département, l’endroit où l’on passe le plus de temps : c’est là que l’on mange ou dort ou travaille. Pour les plus vieux colleges, le fonctionnement est très hiérarchique : il y a trois classes de personnes, les étudiants, les scholars et les fellows.

Les étudiants sont inscrits au college et y suivent des cours ; les scholars sont des étudiants ayant obtenu des distinctions particulières ou des bourses du college ; enfin, les fellows sont les professeurs du college. L’avantage net de ce système est que le college peut mener sa propre politique, non seulement indépendamment des autres, mais – en principe – indépendamment de l’université elle-même !

Voici quelques photos des plus beaux colleges (merci à Simon Edery pour son aimable autorisation de réutiliser ses photos)

Lorsqu’on est inscrit pour la première fois à Christ’s, et dans de nombreux autres colleges, on participe à la cérémonie de matriculation. C’est à ce moment qu’on devient officiellement membre d’un college et de l’université.
Elle est consacrée par une photo où tout le monde est réuni en tenue officielle, costume et gown (robe académique). La photo de cette année a été publiée sur la page du college.

Les semaines s’organisent souvent autours de formals, dîner formels dans le hall du college, pour lesquels le port de la gown est obligatoire.
Ces dîners sont l’occasion de rencontrer des étudiants, ou des professeurs qui ne partagent pas les mêmes intérêts académiques, puisque comme je l’ai rappelé plus haut, un college diffère d’un département en ce que les chercheurs qui en sont fellows ne travaillent pas tous dans la même discipline.

En guise de conclusion, car même s’il n y aurait beaucoup d’autres choses à dire sur Cambridge, et la vie à Christ’s College, je crains de venir à bout de la patience de mes lecteurs, je tiens à remercier le Rotary Club district 1650 de sa générosité dans l’attribution de bourses d’études. Je souhaite à de nombreux étudiants le privilège qui m’a été octroyé.

Lucas Krief