J'ai choisi la bourse Rotary parce que je pense avoir un profil qui correspond aux valeurs du Rotary. J'ai un projet professionnel sérieux et atypique. Je suis très engagée d'un point de vue associatif : j'ai d'ailleurs été la Présidente de l'Association Sportive de mon école pendant 1 an. Je suis aussi très disponible, prête à rendre service, volontaire et dynamique. Par exemple, je suis une grande sportive et je me donne à fond dans le volley-ball en coachant/entraînant des équipes et en faisant du monitorat dans des camps de beach-volley.

  25 mars 2013

Je suis partie en Argentine pour effectuer mon dernier semestre d’études à l’Université de Buenos Aires qui possède actuellement la meilleure Faculté d’Ingénierie d’Amérique du Sud pour pratiquer l’espagnol couramment et pour relever le défi d’une expérience de vie à l’autre bout du monde. Ce semestre à l’étranger me permet à la fois de valider mon diplôme d’Ingénieur de l’INSA de Rennes et mon diplôme de l’ESC Rennes. J’y ai étudié la Robotique, l’Algorithmique (démarche de résolution de problème sous forme de processus successifs), la Conception de produits innovants, l’Economie, l’Anglais et l’Espagnol. Dans ce rapport, j’ai fais le choix de développer aussi les nombreux voyages extraordinaires que j’ai pu effectuer et qui m’ont transformée. Paysages époustouflants, rencontres inédites, animaux exotiques, découvertes culturelles incroyables, sont autant d’ingrédients qui ont fait de ce séjour une expérience unique.

Je souhaite devenir Ingénieur d’Affaires à l’International dans le domaine des Hautes Technologies et de l’Innovation, et cette ultime formation à l’étranger s’inscrit logiquement dans mon projet. Afin de préparer au mieux mon avenir, il est indispensable d’affiner davantage mes compétences en Ingénierie. Ce semestre d’études en Argentine m’a donc permis d’approfondir mes connaissances tant en Robotique qu’en Algorithmique et Programmation. Les cours de Conception de produits m’ont permis d’améliorer de manière générale mes capacités d’abstraction, et ont développé mon imagination pour travailler sur la commercialisation de produits innovants. Enfin, grâce au cours d’Economie, d’Anglais et d’Espagnol, je suis désormais plus à même de comprendre, appréhender et résoudre différents challenges industriels avec un point de vue international.

Sur place, les matières proposées m’ont énormément plu. J’ai apprécié la manière dont sont dispensés les cours, c'est une approche différente de ce qui est pratiqué en France et donc enrichissante. Les professeurs sont beaucoup plus accessibles et des « ayudantes » sont présents à chaque cours pour répondre à toutes les questions des élèves et pour proposer des exercices. Ce système est très intéressant et utile pour faire face aux difficultés que j’ai pu rencontrer, comme en Robotique, par exemple, qui est une matière très complexe.

2. La calebasse de Maté remplie de yerba et sa bombilla (pipette en métal)

La décontraction fait partie intégrante du mode de fonctionnement argentin, professeurs comme élèves n’arrivent rarement à l’heure, chacun entre et sort de la salle quand bon lui semble, on mange, boit et surtout sirote le maté en cours. Il s’agit d’une infusion de feuilles séchées et broyées qui est la boisson emblématique du pays ! Cependant, le manque d’organisation de la Faculté est a noté car j’ai pu être confrontée à de véritables problèmes : perte de copie, manque d’information, retard des professeurs (parfois plus d’une heure)…   Cependant le système universitaire argentin est totalement adapté à la vie étudiante au niveau des horaires, les élèves ayant majoritairement un travail, ils peuvent choisir de suivre leurs cours en journée où en soirée (de 19h à 23h).

3. Le "re" est très utilisé en porteno pour exagérer le sens d'un mot. Ici on vous souhaite un "très très très joyeux 2013" 4. Une parilla ou asado 5. Une fournée d'empanadas 6. La Plaza des mayo avec au fond la Casa Rosada, le palais présidentiel

Si je suis partie c’est aussi pour vivre une véritable expérience culturelle : découvrir cette culture si riche et pratiquer cette langue que j’affectionne tout particulièrement : l’espagnol L’Argentine c’est aussi une cuisine dont la renommée n’est plus à faire, des vins parmi les plus fins, une culture à la fois distinguée et populaire avec son tango, ses Gauchos (les cavaliers de la Pampa), ses civilisations indigènes, et sa langue propre. L’espagnol d’Argentine est très différent de l’espagnol que l’on peut apprendre à l’école. Il est influencé par l’intonation italienne, et résultat de l’immigration. De même, le débit et l’accent sont totalement différents de l’espagnol auquel on peut être habitué. L’habitant de Buenos Aires, le porteño a même sa propre manière de parler : un mélange d’espagnol et de lunfardo (une sorte de patois). Il était donc assez difficile de comprendre et même de se faire comprendre au début du séjour mais on est ensuite fiers de connaître des expressions typiques.   L’élément principal de la gastronomie argentine est le bœuf ! De manière générale, on rencontre la meilleur viande du monde, dans certain restaurant elle est tellement tendre qu’elle peut se couper à la cuillère ! Mais le plat emblématique de l’Argentine est la parillada : un assortiment de grillades composé d’achuras (abats), de morcilla (boudin), de chorizos (grosses saucisses), de vacio (bavette), de costillas (côtes) et autres morceaux de bœuf. Le meilleur « barbecue » que je n’ai jamais mangé ! Influence italienne oblige, les argentins mangent aussi énormément de pâtes et de pizzas. A chaque coin de rue, on rencontre aussi des empanadas : de délicieux chaussons farcis à la viande, au poulet, aux légumes… Buenos Aires est une métropole de 3 millions d’habitants, une capitale mondiale et en même temps, une ville de petit quartier s avec 47 barrios. A l’Est, Puerto Madero, le port de Buenos Aires est le quartier branché avec des restaurants le long des docks. La faculté d’Ingénierie est située dans le quartier historique de San Telmo, à quelques « cuadras » (pâtés de maison) de la Plaza de Mayo où la Présidente s’adresse au public, et où le public lui répond ! La feria (marché dominical) de San Telmo est la plus touristique de la ville on trouve tout l’artisanat argentin et j’aimais énormément m’y promener. Palermo est le quartier jeune et festif de la ville, avec un nombre incalculable de clubs, salles de spectacle, restaurants et boutiques tendances   En ce qui me concerne, je vivais dans le quartier de Recoletta, le quartier le plus sûr de Buenos Aires, à quelques pas du métro, des commerces et du parc de Las Heras. Je vivais en collocation avec un Argentin, une Française, une Américaine, une Péruvienne et un colombien ! Je me rendais à la faculté en « collectivo » (bus) ou en « subte » (métro). A l’université j’ai eu l’occasion de rencontrer énormément d’ « Intercambios » (étudiants en échange) de toute nationalité. Ces rencontres ont vraiment constituées une expérience humaine extraordinaire.

Amatrice de paysages exotiques, le but de ce séjour était aussi pour moi de découvrir un pays à la géographie aussi variée que fascinantes. L’argentine ce sont des régions sauvages, des terres d’extrêmes et des provinces marquées par l’Histoire.

Je suis partie pour un premier voyage de 20h en bus vers le Nord Est de l’Argentine. Les chutes d’Iguazù sont les plus magistrales du monde, deux fois plus larges et hautes (82m) que celle du Niagara, il était donc indispensable de faire le déplacement. Le parc qui est inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1984 englobe 700km² de forêt pluviale subtropicale, avec 2000 espèces de plantes, beaucoup d’oiseaux tropicaux (comme les toucans), et d’autres animaux exotiques. Ce cadre incomparable a été le décor de nombreux films comme Mission, Indiana Jones…

C’est à une vingtaine d’heures de Buenos Aires vers le Sud que j’ai eu la chance de vivre une expérience inoubliable, magique même. Là où les vagues glacées de l’Atlantique se brisent sur la côte aride, sur des milliers de kilomètres, la Patagonie côtière est peu peuplée mais regorge d’animaux tels que des manchots, des baleines, des éléphants et lions de mer… J’ai eu l’occasion d’approcher ces animaux sauvages à quelques mètres à peine, l’un de mes plus beaux souvenirs d’Argentine.

Le Nord-Ouest andin est moins connu que Buenos Aires et les chutes d’Iguazù mais il reste pourtant pour beaucoup la plus belle région d’Argentine. Je l’ai parcouru en voiture et j’ai été émerveillée par ses champs de cactus géants, ses ruines précolombiennes, ses déclinaisons chromatiques de canyons désertiques, et tous ses nombreux trésors naturels. Nous sommes d’abord partis de Tucuman pour rejoindre les ruines de Quilmes. Il s’agit d’une ancienne forteresse diaguita (1000 av. J-C) construite dans un flanc de montagne sous la forme d’une série de terrasses offrant de bon lieu d’observation et de solides positions défensives. Après une brève période sous domination inca, les indiens de Quilmes résistèrent aux Espagnols jusqu’à leur déportation vers Buenos Aires, en 1667. Aujourd’hui, un quartier de Buenos Aires porte le nom de la cité et a donné naissance à la plus fameuse bière argentine.

Nous avons ensuite continué notre périple jusqu’au village de Cafayate, ou commence la Quebrada de la Conchas, une route bien lisse bordée de terres arides et sauvages, de gorges aux étranges colonnes rocheuses. Toujours en voiture, nous pouvions voir défilé des paysages époustouflants et nous arrêter quand bon nous semble pour admirer de plus prêt certains trésors de la nature. En plein milieu de ces terres désertiques, quelques paysans ont réussi à acheminer de l’eau et on peut voir apparaître des prairies verdoyantes en plein milieu d’un paysage rouge et sec. Nous nous sommes même arrêtés pour acheter du fromage de chèvre frais dans un de ces lieux insolites.

Nous sommes ensuite arrivés aux environ de Salta où le paysage est radicalement différent. Les canyons désertiques aux teintes rouges ont laissés place aux forêts humides luxuriantes.

Nous avons finalement dépassés la ville de Jujuy pour camper dans la vallée avec un équipement minime dans un cadre incroyable. Entre les montagnes nous avons eu l’occasion d’admirer une magnifique nuit étoilée et une pluie de lucioles ! Le lendemain, nous avons atteint Purmamarca avec sa montagne aux septs couleurs (el Cerro de los Siete Colores). A partir de ce village, j’ai quitté mes amis pour accompagner un groupe de voyageur aux Salinas Grandes (les plaines de sel) l’un des lieux qui m’a le plus marqué. J’ai arpenté la montagne pendant des heures, dans une petite camionnette qui faisait office de navette, atteignant une altitude de plus 3 000 m, pour finalement redescendre vers un désert blanc, immaculé, féérique.

Puis nous avons continué vers le Nord jusqu’au village traditionnel de Tilcara remarquable pour ses monuments archéologiques et sa population kolka, sans parler de ses paysages et de son climat très agréable. Finalement, nous avons terminé notre périple andin à Humahaca l’un des sites les plus remarquable de la région avec la gorge de Humahuaca qui est inscrite au Patrimoine mondial de l’Unesco depuis 2003. En effet, en suivant la Quebrada de Humahuaca on a l’impression de traverser les époques géologiques, depuis les peuples précolombiens jusqu’à leur descendants actuels.

Pour mon dernier voyage, j’ai quitté le Nord-Ouest andin pour me rendre un peu plus vers le sud en longeant toujours les Andes. J’ai effectué le voyage seule pendant 13h dans un bus sans nourriture où j’ai cru mourir de froid. Je suis arrivée dans la ville coloniale de La Rioja où j’ai retrouvé mes amies sous une chaleur écrasante. J’ai été heureuse de trouver des piscines en plein air, perdues au milieu de nulle part et encadrées par les montagnes aux sommets enneigés, une image somptueuse. J’ai ensuite eu l’occasion de découvrir le parc national de Talampaya très semblable au Grand Canyon du Colorado avec ses canyons de grès rouge. Il s’agit encore une fois d’un site classé au Patrimoine mondial de l’Unesco, mais les guides y sont très agréables et accueillants

Mendoza est le cœur même du secteur viticole argentin et l’ultime étape de la plus grande voie andine en direction du Chili. C’est dans cette ville des arts, de la culture et du divertissement, que j’ai passé Noël, et pour la première fois de ma vie en été ! Les argentins célèbrent ce jour très différemment des français, de manière très festive. En effet, tout le monde sort dans les rues, danse, et s’amuse comme à un soir de nouvel an.
J’ai aussi eu l’occasion de parcourir la route des vins d’Argentine. Dans les faubourgs de Mendoza, face aux Andes dont la neige irrigue les vignes de Lujàn de Cuyo, on peut visiter les chais, les « bodegas » et déguster les meilleurs vins d’Argentine.

J’ai ensuite entamé la route des Andes au beau milieu de paysages qui rappellent ceux de l’Himalaya, à tel point que Jean-Jacques Annaud y situa certaines scènes de son film Sept ans au Tibet (1997). C’est dans ces chaînes de montagnes que l’on trouve le plus haut sommet d’Amérique : le Cerro Aconcagua. La route des Andes commence à Potrerillos où l’on peut voir un barrage hydroélectrique impressionnant. Au-dessus de Potrerillos, la deux voies serpente et passe plusieurs séries de court tunnel, et avec le nombre de camions en partance pour le Chili la circulation s’en trouve très ralentie. Puis, on débouche sur la dernière ville avant les montagnes, Upsallata, au panorama dégagé. La route principale, bordée de peuplier, file vers le Chili et se transforme en une série de virages en épingle (las Caracoles de Villavicencio).

A 63 km à l’Ouest d’Upsallata et à quelque 2 580 m d’altitude, Los Penitentes est une station de ski qui devient l’été le principal camp de base de l’Aconcagua. Le toit des Amériques est l’un des sommets les plus dangereux du monde et il a déjà pris plus d’une centaine de vies. Pour terminer, j’ai été impressionnée par le Puente del Inca, une arche naturelle composée de galets stratifiés liés par des agents chimiques secrétés par les sources chaudes voisines.

Pour conclure, cet échange en Argentine, dans la faculté d’Ingénierie de Buenos Aires, a été un véritable investissement. Les matières proposées sur places m’ont offert un regard nouveau sur les modes d’apprentissage ainsi que de nouvelles compétences. L’Argentine est un pays qui m’a totalement séduit et m’a ouvert de nouvelles perspectives de vie. Les argentins, cette culture forte, cette langue si spéciale, ces paysages grandioses sont autant d’ingrédients qui ont participé à mon enrichissement personnel. Enfin, je m’en rends compte de la chance incroyable que j’ai pu avoir. C’est pourquoi je tenais à remercier le Rotary Club (et en particulier le District 1650) pour son soutien. Dans le futur, je suis persuadée que cette expérience aura des répercussions bénéfiques sur mon parcours tant sur le plan humain que professionnel.