Chères Rotariennes, chers Rotariens, chers lecteurs,

Je viens à vous pour donner plusieurs nouvelles enrichissantes. Tout d'abord, sachez que j'ai été sélectionné, courant février-mars 2014 à la suite d'un casting pour l'agence de production Story House. L'objectif était de tourner pendant une journée entière et de représenter avec plusieurs autres camarades la vie étudiante dans le cadre d'Erasmus à Berlin. Vous trouverez ci-joint le projet fini financé par l'Union Européenne entre autres (en langue anglaise) :
https://www.youtube.com/watch?v=Hed5uC6oOas

Par ailleurs, comme je vous en avais déjà fait part à plusieurs reprises alors que le voyage était en préparation, je peux à présent rendre mes impressions sur mon escapade de cinq jours en Pologne, avec trois bons amis. Dès nos premières heures, des gens très accueillants et très serviables nous ont aidés à trouver notre chemin, ce qui est très appréciable. Nous avons été très bien hébergés en auberges de jeunesse qui s'apparentent plus à de petits hôtels très sûrs et imbattables niveau rapport qualité-prix. En outre, j'ai été agréablement surpris du point de vue de la qualité de la restauration. Après voir en effet recherché sans mal de la cuisine traditionnelle, je peux dire que beaucoup de restaurants français (même de moyenne gamme) sont sérieusement laissés sur place à ce niveau.

Nous avons donc visités Lodz (Lodsch en allemand) qui est une ancienne ville industrielle que certains appellent encore la "Manchester de l'Europe de l'Est". Cette ville très accueillante était malheureusement en grande rénovation urbaine en plein centre ville : installation de nouvelles lignes de transport en commun... Nous avons passés notre seule et unique soirée dans cette troisième ville du pays dans une ancienne manufacture, la Manufactura, réhabilitée en bars, restaurants et magasins divers.

Le lendemain, comme à notre habitude durant notre séjour, nous avons voyagé par car via la compagnie PolskiBus. Notre choix s'est porté sur cette compagnie qui offrait un service à bord imbattable (très confortable, peu cher) ; et surtout, nous avons noté la rapidité des correspondances, en comparaison avec le service ferroviaire à éviter à tout prix. Cracovie était notre deuxième étape (deux nuits) : ville magnifique, gens (surtout des étudiants polonais ou étrangers) très sympathiques. De plus nous avons voulu absolument faire une journée de recueillement à Auschwitz, situé à l'ouest de Cracovie. Moment difficile, mais moins que je ne le pensais. Pendant les quatre heures de visite guidée, je n'ai été choqué que pendant une grosse demi-heure. En effet, les camps de concentration (Auschwitz I) et d'extermination (Auschwitz II) sont si vastes qu'il est difficile de s'imaginer l'ampleur de l'industrialisation de la mort. En revanche, des scènes haletantes m'ont marqué : cette galerie de portrait de ce que les nazis appelaient des "Polaks", d'hommes, de femmes et d'enfants dénutris dans le musée du camp de concentration ; ces amas de cheveux (devant être réutilisés pour l'industrie textile) et de chaussures de femmes, d'hommes et d'enfants ; les griffures sur les parois murales de la chambre à gaz du camp de concentration ; ou encore ces citations de dignitaires nazis sur la solution finale pour les Juifs, les Roms, les Polonais, les Homosexuels, etc.. En outre, j'ai été scandalisé par des actes de vandalisme (graffiti) au sein du camp d'extermination dans des baraquements où se trouvaient entassées 40 000 femmes. Les mots "sanctuaire", "dignités", "respects" n'ont définitivement pas la même signification pour tout le monde. Scandaleux également sont les comportements de ces gens qui se font photographier en mode "touriste" sous le "Arbeit Macht Frei".

Enfin, pour terminer sur une note positive de ce voyage, nous avons séjourné à Wroclaw (Breslau en allemand), ville prussienne comme Lodz avant 1945. Cette "Venise polonaise" offre un cadre somptueux avec ses cent vingt ponts et une richesse culturelle et architecturale impressionnante. Cette ville sera à juste titre capitale européenne de la Culture en 2016.

Surpris de ce voyage de quelques jours seulement, je dois dire que la Pologne m'a très surpris. Vous trouverez ici un lien Dropbox avec quelques photos :
https://www.dropbox.com/sh/w8r06657nl4jn7x/AADMjlwBPBdWOWtgeYkM8tNua

Reste enfin à moi de vous remercier encore pour votre confiance que j'espère honorer au mieux par mon comportement, mais pas seulement. J'espère comme je le dis souvent être un digne ambassadeur du Rotary et du Rotaract par mon état d'esprit au quotidien.

Amitiés,
Guillaume

Chers Rotariennes et Rotariens,

Alors que je rentre dans mon sixième mois de vécu en Allemagne, je me dois de faire second bilan de mon séjour.

Je rappelle brièvement que durant deux mois, de juillet à août 2013, j'ai été embauché en tant que barman et serveur dans le restaurant "Das Landhaus" sur la mer Baltique, à Timmendorfer Strand, à une quinzaine de kilomètres de Lübeck. Ce travail m'a permis de gagner bien sûr de l'argent (1290 € brut/mois), mais surtout d'économiser des frais de loyers ou encore de nourriture, le tout ayant été généreusement mis à ma disposition par le rotarien Rohlf von Oven et sa famille. Les contacts m'avaient été à juste titre remis par Monsieur Vincent Lefeuvre du Rotary Club de Rennes Brocéliande.

Ces conditions favorables ont été l'occasion d'envisager encore plus confortablement mon arrivée à Berlin, le 2 septembre 2013, dans une collocation située dans l'ancienne zone Est de Berlin. La recherche de ce merveilleux appartement dans lequel je réside, dans la Scharnweberstrasse du quartier de Friedrichshain, ne s'est en revanche pas faite sans difficultés. Berlin souffre si je puis dire d'une très forte demande étudiante entre autres. La concurrence fut donc rude : soixante-dix mails envoyés environ pour seulement une petite dizaine de réponses, la plupart négatives, et seulement deux visites effectuées courant août (donc peu de temps avant l'emménagement prévu) ! Le choix fut donc simple. En revanche, sachez que les paramètres sont différents lorsque l'on compare avec d'autres capitales comme Paris ou Londres qui sont extrêmement chères, ce qui n'est pas du tout le cas de Berlin, même si le niveau des loyers est de plus en plus sujet à polémique.

Mon emménagement le 2 septembre avait pour objectif de me faire prendre pied dans la ville le plus tôt possible pour mémoriser des repaires indispensables comme la circulation via les transports en commun ou encore de régler des papiers administratifs universitaires. De plus, j'ai reçu des cours intensifs d'allemands durant tout le mois de septembre, afin de combler quelques lacunes notamment en matière de grammaire pour passer plus rapidement à un allemand littéraire, universitaire ; l'oral étant déjà plus ou moins maîtrisé.

Ensuite, le premier semestre de cette année Erasmus en faculté d'histoire à la Humboldt-Universität soutenue par le district 1650 Rotary Club débute à la mi-octobre (et se termine en février). J'ai pu en réalité choisir mes cours parmi un panel d'enseignements très riches et concevoir mon propre emploi du temps. Cette liberté donnée aux étudiants Erasmus est de manière générale assez large, même si Erasmus est avant tout un échange où l'université de départ doit obligatoirement donner son accord, de concert avec l'université d'accueil. Le contrat d'étude fait donc l'objet dans tous les cas de négociations. J'ai pour ma part choisi sans rectriction tous mes cours en allemand (certains sont proposés en anglais) : La violence au bas et au haut Moyen Âge ("Gewalt im frühen und hohen Mittelalter"), les mouvements intellectuels et universitaires sous Weimar et le National-socialisme ("Geisteswissenschaften in Weimar und im NS"), La Seconde Guerre mondiale à l'Est de l'Europe ("Ostkrieg, 1941-1945") et enfin un cours d'histoire économique et sociale sous forme de question entre l'Etat et les Marchés, dilemme des politiques économiques des années de crises 1970-1980 ("Staat oder Markt ? Wirtschatspolitik in Krisenzeiten von den 1970er bis in die 1980er Jahre"). En fait, le système universitaire allemand, en tout cas en histoire, prend le contre-pied du notre. Nous aimons effectivement les cours magistraux où seul le professeur s'exprime, tandis qu'en Allemagne sont privilégiés les discussions et les débats supervisés par l'enseignant, ce que je trouve pour ma part beaucoup plus constructif. Les sciences sociales sont des matières vivantes avant tout. Je comprends maintenant mieux d'où vient également ce sens de la recherche du consensus, que nous peinons à trouver en France.

Par ailleurs, laissez-moi vous conter ma vie berlinoise. C'est une vie certes studieuse, mais ce que j'aime par dessus tout, c'est cette communauté Erasmus en réalité de toutes nationalités (aussi extra-européennes). La vie nocturne berlinoise est parfois curieuse, difficile à caractériser, car tellement insolite. Cela passe par des boîtes de nuit situées dans des squats où se tiennent des soirées illégales. Mais pour ceux qui ne seraient pas rassurés, je vous conseille d'autres soirées très animées qui se tiennent dans des restaurants, bar et discothèques en tout genre fréquentés par toutes les générations, toutes les origines sociales et ethniques. Berlin, c'est la possibilité de tout faire à moindre coût, et de tout trouver lorsque l'on cherche bien : soirées mondaines ou décalées selon les humeurs.

Enfin, après un peu légèreté, reprenons notre sérieux. Je me dois en tant qu'étudiant d'histoire vous rappeler une date importante en ces temps troublés par la montée de l'extrême droite. Il y a 80 ans, les nazis prenaient le pouvoir en Allemagne légalement. Les explications sont nombreuses : crise économique et politique, volonté de revanche en lien avec "l'humiliation" du traité de Versailles qui met fin à la Première Guerre mondiale... Mais vous faire un cours d'histoire n'est pas mon objectif. Non, de Berlin, je me permets de vous rappeler cette page sombre de l'histoire dont les conséquences sont connues. Seulement, interrogeons-nous, au regard de la situation française et européenne, mais pas que, sur ce que nous voulons pour notre pays, pour notre continent. Avant tout, questionnons-nous sur ce que nous ne voulons pas. La mission du Rotary et des Rotariens est une mission de paix, de tolérance, de maintien de communications saines entre tous les pays et entre toutes les origines sociales et catégories socioprofessionnelles. Votre engagement, ce n'est donc pas non plus un vain mot, c'est avant tout un état d'esprit, une manière d'être au quotidien. Votre générosité en l'occurrence m'a permis de bénéficier d'un deuxième programme sensationnel, après la bourse du Challenge l'Europe et les Jeunes. Pour tout cela, je ne pourrai jamais vous remercier suffisamment, sinon que d'être un digne ambassadeur du Rotary et du Rotaract lors de mes déplacements et voyages futurs dans le monde entier.

Merci à tous,
Guillaume Legrand