Si Paul HARRIS m’était conté !
Par Jacques KÉRISIT
Rotary-club Rennes Du Guesclin
District 1650
R.G.H.F. Board member
District Rotary Fellowships Chair 2014-2016

Webmaster : Jean-Marie Pariselle
RC Lannion - jmpariselle@wanadoo.fr

 

Paul P. HARRIS
1868-1947
Paul HARRIS Le Fondateur
IMPORTANT

LA GRANDE MAJORITÉ DES PHOTOS INCLUSES DANS CE LIVRET SONT EMPRUNTÉES :

>>
Au magazine THE ROTARIAN
et au site du Rotary International Rubrique Rotary Images

>> Au site Rotary Global History Fellowship
http://www.rghf.org/
L’Amicale rotarienne « Histoire mondiale du Rotary »
dont j’ai l’honneur d’être l’un des membres du board

>> Au magazine LE ROTARIEN
Paul Percy HARRIS est, en son temps, l’archétype du jeune Américain prêt à multiplier les expériences professionnelles et désireux de voyager à la découverte du monde avant de s’installer durablement dans la vie.

La lecture de ses « aventures » et de sa vision du monde qui l’ont conduit à fonder à 37 ans un mouvement dont lui-même ne pouvait prédire l’ampleur devrait intéresser le lecteur qu’il soit Rotarien ou non.

Le récit proposé n’a rien d’un essai littéraire. Il s’apparente davantage à une sorte de journal chronologique où le pittoresque n’a pas été exclu.

Travailleur acharné à la fois pour sa profession d’avocat et pour son club service, il n’a pas ménagé sa santé décrite comme délicate (encore que l’ennui le plus sérieux dont il souffrira, qualifié d’attaque cardiaque, semble davantage devoir être rapporté au surmenage plus connu aujourd’hui sous la formule «Burn out»).

Il décèdera à 78 ans à une époque où l’espérance de vie était bien inférieure.
Les différentes ressources bibliographiques feront l’objet du dernier chapitre.
Il m’importe toutefois de remercier Elie RESCHE, Rotarien à Saint-Flour (D 1740) qui a traduit les huit premiers chapitres du livre « The Golden Wheel -the story of Rotary 1905 to the present » de Davis Shelley NICHOLL.
Contacté par mes soins en septembre 2009, Elie RESCHE a aimablement accepté de me transmettre le chapitre I « Aux sources du Rotary ».
 
 

 

1. Paul HARRIS avant 1905

 
Texte de Pierre BOVYN † Président Fondateur de RC Rennes Du Guesclin - D 1650

"Le 6 Septembre 1620, le MAYFLOWER (Fleur de Mai – Aubépine), vaisseau de 180 tonneaux (?) appareillait de PLYMOUTH (Grande-Bretagne) à destination de l’Amérique.

A son bord, 100, 101 ou 102 (on ignore le chiffre exact), émigrants notamment des puritains anglais (Pilgrim Fathers) qui, après leur débarquement en Décembre 1620, fondèrent la première ville de la Nouvelle-Angleterre, NEW PLYMOUTH et rédigèrent une Déclaration des Principes (Le Covenant) première constitution américaine.

Parmi les passagers du MAYFLOWER, deux jeunes gens : John ALDEN, 22 ans et Priscilla MULLINS, 18 ans.
Se connaissaient-ils avant d’embarquer ou se sont-ils connus à bord, mystère.

Toujours est-il qu’ils se sont mariés en 1621, quelques mois après leur arrivée, précisément dans la ville que leurs compagnons de voyage avaient fondée.

De cette union, naquirent sans doute plusieurs enfants dont l’un Joseph, né à PLYMOUTH (Nouvelle-Angleterre) en 1627 aura une descendance qui, en 1868, après 7 générations, donnera naissance à Paul HARRIS.

Pour la satisfaction de notre amour-propre, on peut ajouter que, parmi les passagers du MAYFLOWER, on pouvait compter au moins cinq pèlerins d’origine française : CARTIER, SOULIER, BOMPAS, MOULIN, et DELANOË et dont les noms se sont anglicisés en CARTER, SOULE, BOMPUS, MULLINS et DELANO, ce dernier, ancêtre de Franklin Delano ROOSEVELT, élu président des Etats-Unis en 1933.

John ALDEN et Priscilla MULLINS sont 2 des 256 ascendants à la 8ème génération de Paul HARRIS."

D'après plusieurs articles parus dans THE ROTARIAN et dans LE ROTARIEN et en particulier celui de Paul MALAPERT (mai 1999) ancien gouverneur du District 1710.

Paul HARRIS est le second des six enfants de George et Cornelia BRYAN HARRIS (fille du second maire de Racine, Henry BRYAN) qui se sont mariés en 1864.

  • Ainé: Cecil ;
  • Second: Paul ;
  • Troisième: Nina May ;
  • Quatrième: Guy qui mourra à 11ans ;
  • Cinquième: Claude qui donnera sa vie au service de son pays aux Philippines ;
  • Sixième: Reginald qui survivra à Paul.
    Il est né le 19 avril 1868 à Racine
Racine (Wisconsin) est une petite ville des Etats-Unis située au bord du lac Michigan.
Ses ancêtres étaient irlandais et écossais. « Il reçut en héritage la fantaisie irlandaise, capricieuse, brillante et impulsive et la prudence écossaise,
réfléchie et laborieuse »


(Voir chapitre II in The Golden Wheel de Davis Shelley NICHOLL, traduction de Elie RESCHE dans le numéro 407 juillet 1987 -pages 16 à 21- du magazine LE ROTARIEN.)
 
LES PARENTS
           George-H-Harris      Cornelia-Bryan-Harris
La maison de naissance à Racine
Petit commerçant (il tenait une droguerie à Racine), George fait de son mieux pour subvenir aux besoins de sa famille, mais il est souvent contraint de compter sur l'aide financière de son père.
    En 1871 : Wallingford
En juillet 1871, comme son père n'était plus capable d'assurer la subsistance des siens (il dût fermer boutique !), Paul fut confié à l'âge de trois ans (avec son frère Cyril âgé de 6 ans) à ses grands-parents paternels (Howard et Pamela HARRIS) qui vivaient à 1 500 km de Racine à Wallingford, petit village de 2 000 habitants, situé dans la vallée du Vermont, en Nouvelle Angleterre. Le long voyage se fit en train.
LES GRANDS PARENTS
Howard & Pamela HARRIS
1799-1888                                  1810-1890
Paul HARRIS à 3 ans Paul HARRIS à 7 ans
Il trouva là un foyer chaleureux et bien organisé. Il y découvrit une nature magnifique mais aussi et surtout l'esprit d'entraide, l'amitié et la tolérance religieuse et politique qui furent à l'origine du Rotary. Il aimait cette vie simple dans sa "vallée" VOIR SON LIVRE "MY ROAD TO ROTARY"

Paul Harris écrira plus tard : « De tous les griefs à l'encontre de George et de Cornelia, il ne peut leur être reproché d'être pingres. Ils dépensaient tous les deux sans compter. »

NB - Un grand incendie attisé par de grands vents détruisit les 8 et 9 octobre 1871 la totalité du centre de Chicago, ville alors peuplée de 300 000 habitants. Cet incendie, l'une des plus grandes catastrophes des USA à cette époque, fit environ 300 victimes, 18 000 bâtiments détruits (principalement construits du bois des forêts du Michigan voisin) et 100 000 sans logis.
La maison de Wallingford, Vermont, USA.
    Son enfance.
Élevé donc par ses grands-parents, Paul Harris ne voit ses parents qu'à de rares occasions lorsqu'ils tentent de réunifier la famille. Paul grandit dans le respect des valeurs familiales caractéristiques de la Nouvelle Angleterre (Toute sa vie Paul Harris parlera de sa "vallée de Nouvelle Angleterre").

"C'est là qu'il apprend qu'un homme ne se mesure pas à ce qu'il possède mais à ce qu'il est, que l'intégrité, la frugalité, la tolérance et l'amitié sont des valeurs essentielles". David C. FORWARD in "Un siècle de service".
Paul Harris à 15 ans en 1883.
Élève de primaire à Wallingford (dans l'école construite par son arrière grand-père James RUSTIN et qui aujourd'hui a été convertie en Paul Harris memorial !) et de secondaire à Rutland, il est souvent l'auteur de blagues et un fervent adepte de l'école buissonnière.
The Little Red Schoolhouse

http://martyhelman.wordpress.com/tag/paul-harris/
 
C'était un adolescent turbulent et casse-cou.

Paul est un enfant espiègle et un élève remuant. Dans sa bande de copains "The Rapscallions" (les chenapans) il a la réputation de farceur, de joyeux drille et de casse-cou (punaises sur les bancs de l'église ; voyages à cheval sur le chasse-pierres de la locomotive…) La digne population de Wallingford considérait Paul et sa bande comme des « terreurs ».

Son indiscipline le fit renvoyer de son école. Se rappelant ces moments là, à la fin de sa vie, Paul remarquait « Les galapians se demandent pourquoi Dieu enlève leurs vêtements aux arbres juste au moment où les gens en mettent de supplémentaires ».
Il semblerait que les parents de Paul se soient séparés puis remis ensemble avant de séparer une nouvelle fois.
    De 1884 à 1891, des études de droit un peu chaotiques .
1884 : Paul s’inscrit à l'Université Black River Academy à Ludlow (il ne lui fallut qu’un an pour être renvoyé pour « excès de vitalité »).

1885 : Paul s’inscrit à la Vermont Military Academy, à Burlington.

1886 : Il s’inscrit ensuite à l'Université du Vermont. En décembre 1886 Paul et 3 camarades sont « suspendus indéfiniment » de l'Université du Vermont sur recommandation de la commission disciplinaire [exclus des suites de leur appartenance à une société secrète. Paul écrivit plus tard que bien qu'étant innocent de la faute dont il était accusé, l'expulsion était toutefois justifiée]. L'Université du Vermont décernera en 1919 à Paul Harris un diplôme de Bachelor of Arts à titre honorifique (accompagné d'excuses pour son expulsion en 1886) et en 1933, le titre de Docteur honoris causa.

1887 : Paul Harris passe ensuite le printemps avec un professeur privé payé par son grand-père et, à l'automne 1887, il est admis à l'Université de Princeton dans le New Jersey où il obtiendra enfin des résultats satisfaisants.

1888 : † Le 17 mars : Décès de Howard HARRIS, 89 ans, le grand-père de Paul

Sa grand'mère lui dira "Paul, je me demande si tu te rends bien compte de tout ce que tu représentais pour Grand-père. Autrefois, il lui arrivait de penser qu'il avait raté sa vie. Et puis tu es venu, providentiellement, et Grand-père a placé tous ses espoirs en toi. Travaille dur et vis honorablement pour l'amour de lui."
Le décès de son grand-père en mars 1888 l'obligea à gagner sa vie durant une année (il travailla comme garçon de bureau dans une marbrerie "Sheldon Marble Company " à West Rutland.). Sa grand-mère l'encourage à travailler dur et à vivre honorablement en mémoire de son grand-père. Paul part ensuite pour Des Moines (Iowa) pour effectuer un stage au cabinet d'avocats St. John, Stevenson et Whisenand.

1889 : La générosité de sa grand-mère lui permis de reprendre ses études de droit à l'Université d’Iowa d'où il sortira diplômé en juin 1891, tout en travaillant comme clerc pour un cabinet d’avocat.
PAUL HARRIS en 1889 & en 1891.
1890 : † Le 3 octobre : Décès de Paméla HARRIS, 80 ans, la grand-mère de Paul

1891 à 1896 : Son vagabondage, ses cinq années de « folie »

[Ces cinq années sabbatiques qu’il qualifia ensuite de « folie », le réconcilièrent avec sa nature et son destin, et devaient éclairer sa route et son rôle postérieur. Le Rotary est né de cette « folie », de son courage à l’entreprendre, des amis qu’il se fit, avant et après, et qui l’aidèrent, en lui procurant un toit, de l’argent et de bonnes paroles. Les années de « folie » étaient une quête, non du monde, mais de lui-même, et le conduisirent à la victoire] [in The Golden Wheel de Davis Shelley NICHOLL, traduction de Elie RESCHE]

1891 -- Tout en connaissant bien le droit, il s'intéresse également à la littérature, plus particulièrement à l'œuvre de Charles Dickens et aux biographies d'hommes arrivés.
Paul est gradué en droit "Bachelor of laws" (bon étudiant mais sans plus) et, impressionné par le discours de réception, qui met l'accent sur l'expérience personnelle à travers les voyages, il dépense les quelques dollars qui lui restaient et décide de voyager à travers le monde pendant cinq ans (Restless Years) en travaillant pour gagner sa vie avant de s'installer comme juriste.
Il devient d'abord reporter (journaliste à la pige) au « Chronicle » de San Francisco (il était arrivé à San Francisco sans un sou), puis s’embauche en Californie comme journalier pour la cueillette des fruits et enseigne au Los Angeles Business College.

1892 -- Il devient acteur au Old Fifteenth Street Theater à Denver dans le Colorado, puis reporter à nouveau au « Rocky Mountain News », cowboy dans un ranch de la région de Stockton (il y contracta le paludisme), portier de nuit à l'Hôtel Saint James à Jacksonville en Floride et représentant en marbrerie dans l'entreprise de George CLARK avec qui il se liera d'amitié.

1893 -- Reporter à nouveau au « Washington Star », puis représentant pour une autre compagnie de marbre.

Il embarque comme gardien de troupeaux sur un cargo infesté de rats et reliant en quatorze jours de navigation, dans des conditions épouvantables, Baltimore à Liverpool, mais n'a pas l'occasion d'aller jusqu'à Londres, ce qu'il fera au cours d'un deuxième voyage.

Revenu aux U.S.A., il visite l'Exposition Universelle à Chicago [Exposition commémorant le 400e anniversaire de la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb et qui attira près de 27 millions de visiteurs pendant les six mois de sa durée], ville qui l'impressionne et où il s'installera plus tard.
Puis il va à nouveau cueillir des oranges à la Nouvelle-Orléans où il subit le 1er octobre un terrible ouragan qui fera jusqu’à 1 500 victimes !.

" Le journaliste londonien William Thomas STEED qui se rendit à l'Exposition Universelle découvre les tripots clandestins à quelques pas de l'hôtel de Ville, les hommes d'affaires malhonnêtes, la police corrompue, les politiciens soudoyés, le crime et la vénalité. Il écrivit un livre "Si le Christ venait à Chicago" qui fit un grand scandale." Tiré de “The Golden Wheel” de David S. NICHOLL

1894 -- Représentant à nouveau de la marbrerie de George CLARK il sillonne les Etats-Unis, Cuba, Les Bahamas. Il termina dans des fonctions plus importantes d’acheteur dans cette marbrerie, ce qui lui permit de découvrir l'Europe et en particulier il visite l'Ecosse, l’Irlande, la Belgique, l’Italie, la France, la Suisse, l'Autriche, l'Allemagne, la Hollande puis l'Angleterre (de son auteur favori Dickens).

1896 - Il s’établit à Chicago et ouvre son cabinet d’avocat.

Ayant accompli ses cinq années de voyages « vagabondage » (il aura connu le froid, la tempête, la faim, la solitude…), il refuse la proposition d'association formulée par George CLARK et décide le 27 février 1896 de s’installer comme juriste à Chicago où il ouvre un cabinet [La mentalité à Chicago reste celle d'une ville pionnière où seul le plus fort survit].

Il restera plus ou moins actif professionnellement pendant plus de quarante ans, même après sa retraite.
Paul Harris à ses débuts à Chicago en 1896.          Son bureau

A un ami qui lui faisait remarquer qu’il gagnerait plus d’argent en Floride, il répondit « Je ne vais pas à Chicago pour faire de l’argent ; j’y vais dans le but d’y vivre une vie ». La vie qu’il y mena, on peut l’imaginer par l’aveu qu’il fit plus tard : durant quinze ans de sa vie, dit-il, jusqu’à son mariage, il établit des records de changement de domicile. Mais il gagna aussi beaucoup d’argent par suite d’une véritable épidémie d’affaires frauduleuses, qui suivit la banqueroute de la ville après l’Exposition de 1893.

[In The Golden Wheel de Davis Shelley NICHOLL, traduction de Elie RESCHE]

Il loue un petit ensemble de bureaux, qu'il garnit de mobilier de location. Il s'octroie son propre espace tandis qu'il sous-loue le reste des bureaux.
Dans son bureau, une grande pancarte affiche:

"Même si l'on a mille amis, on ne peut se passer d'un seul"
(He who has a thousand friends has not a friend to spare).

Paul HARRIS est alors célibataire et a 28 ans.

Se sentant isolé, surtout le dimanche, dans une ville féroce livrée à la criminalité, la justice expéditive, la corruption et la fraude, souffrant d’un cruel manque d’amis dans un milieu d’affaires très difficile (livré aux barons truands du business), voire hostile, il décide d’adhérer successivement :

  • A l’Association du Barreau
  • Au Club de la Presse
  • Au Club Bohémien
  • Au Cercle du Commerce.

1897-1899 : période de doute

Il éprouve beaucoup de difficultés à se lier, se sent isolé. Il fréquente toutes sortes de lieux, dinant chaque soir dans un restaurant différent, se rendant également chaque dimanche dans un lieu de culte différent n'étant attiré par aucune confession particulière.

Il fréquentera les Quakers, les Christian Scientists, les Juifs, les Méthodistes, les Théosophistes, les Baptistes, les Presbytériens et les Catholiques, sans obtenir satisfaction à ses interrogations.

Plus tard dans sa vie, il dira que ses affiliations religieuses sont, comme lui, difficiles à classer.

« Je ne me sens pas lié à une confession particulière … Il est difficile de me classer ; mes convictions n'ont pas la netteté essentielle requise pour un dévouement à un culte courant … Bien sûr, on peut aujourd'hui entendre les meilleurs sermons à la radio et j'en écoute généralement trois ou quatre chaque dimanche. »

Son restaurant préféré est italien "Chez Madame GALLI" ; il y rencontre souvent le ténor Enrico CARUSO.

"Je continuais à penser que je vivais ce que des centaines, voire des milliers d'autres avaient ressenti dans cette grande ville... J'étais certain qu'il devait y avoir de nombreux autres jeunes gens en provenance de la campagne venus s'installer à Chicago... Pourquoi ne pas nous retrouver ? Si, comme pour moi, la camaraderie leur manquait, quelque chose en ressortirait." -- Paul P. Harris, My Road to Rotary

1900 : La première idée de club amical

Ayant revu les paysages de son heureuse enfance dans le Vermont, il prend encore plus conscience de son isolement dans la grande ville et a une première idée d'un club d'hommes d'affaires qui recréerait l'esprit d’amitié que l’on trouve dans les petites villes" friendship and fellowship"

Un jour d'automne 1900, Paul va dîner chez l'avocat Bob FRANK dans un quartier huppé du nord de Chicago. Tous deux partent se promener dans les rues et s'arrêtent dans plusieurs boutiques. Paul est marqué par l'accueil chaleureux fait à M. FRANK par les commerçants.

Depuis son arrivée à Chicago en 1896 pour ouvrir son cabinet d'avocat, Paul n'avait jamais rencontré une telle camaraderie et il se demande s'il ne serait pas possible de canaliser et d'étendre cette camaraderie lui rappelant la ville de Nouvelle Angleterre où il grandit.

“The thought persisted that I was experiencing only what had happened to hundreds, perhaps thousands, of others in the great city … I was sure that there must be many other young men who had come from farms and small villages to establish themselves in Chicago ... Why not bring them together? If others were longing for fellowship as I was, something would come of it.”

1904 il tombe amoureux de Grâce Irène MANN mais ne l’épousera point !

Grace Irene MANN était issue d'une grande famille de Floride.

Paul l'a rencontrée pour la première fois à Jacksonville alors qu'il rendait visite à son ami et ancien patron George CLARK.

Paul et Grace ont ensuite entretenu un échange épistolaire qui témoignait de l'affection qu'ils avaient l'un pour l'autre et dans lequel ils partageaient leur vie de famille ainsi que leur intérêt pour la théologie et la philosophie.

On trouve dans ces lettres des détails sur la recherche d'un local pour le Rotary club de Chicago ou sur les statuts du club.

« Juste avant que Paul Harris n'établisse le premier Rotary-club en 1905, il tomba amoureux d'une femme nommée Grâce Irene Mann. Ils échangèrent une correspondance magnifique. Les premières lettres étaient très formelles, commençant par “Cher Mlle Mann” ou “Cher M. Harris”. Mais le temps passant, les salutations s'adoucirent pour devenir “Mon cher M.Harris”, et en dernier lieu “Mon très cher Paul”. Les lettres commençaient en 1904 et continuaient jusqu'à mi-1905, incluant des nouvelles du nouveau Rotary-club. Elle envoyait fidèlement des mots d'encouragement pour “votre petit club”. J'étais intrigué – et quelque peu coupable de cette intrusion – en lisant les lettres de plus en plus amoureuses qui ont conduit à la proposition de mariage de Paul. Puis il y eut une interruption mystérieuse dans ces lettres. Le mariage n'eut pas lieu, et j'ai déduit de la correspondance que le père de Grace ne voulait pas donner la main de sa fille à Paul. »

Extraits d’un entretien avec l’auteur David FORWARD « Un siècle de service » LE ROTARIEN MARS 2004

Grace montrait beaucoup d'enthousiasme au sujet des balbutiements du Rotary :

« Les statuts et le règlement intérieur de votre Rotary Club m'intéressent d'autant plus que vous en êtes l'auteur. Je pense que vous avez tout couvert de manière concise et directe. … En particulier, les statuts me semblent excellents. »

Les lettres montrent qu'à l'automne 1906, l'idée d'un mariage faisait son chemin, mais la famille de Mlle MANN l'en a finalement dissuadée.

Leur correspondance a pris fin en mai 1907 et dans sa dernière lettre, Paul HARRIS écrivait :

« Votre avenir m'importe et je suis certain que vous deviendrez une grande dame. … Je suis persuadé que vous connaîtrez le bonheur. Passez le bonjour à vos amis les Dalton. Amitiés, Paul P. Harris »

Comme le veut la coutume, Paul HARRIS a renvoyé à Mlle MANN toutes les lettres qu'il avait reçues d'elle.
Lorsqu'elle a épousé John Murrell BELL en juin 1910, elle a demandé à sa sœur May Mann JENNINGS de les conserver dans son grenier. Elles y sont restées jusqu'à la démolition de la maison en 1963 avant d'être transmises à l'aînée des filles de Mlle MANN, Elizabeth.

En 1997, Grace Bell ROGERS, fille de Mlle MANN, a fait don de cette correspondance au Rotary International.
UNE LETTRE DE GRACE
UNE LETTRE DE PAUL
Haut de page