Par Arnold R. Grahl
Actualités du Rotary
26 Décembre 2014

 
Matt Richards, directeur de Care2Prevent à l'Université de Chicago, un programme de traitement et de prévention du sida
pour les enfants et les adolescents, explique quelles sont les populations les plus vulnérables durant une manifestation organisée
par le Rotary pour marquer la Journée mondiale contre le sida.
Photo : Rotary International/Monika Lozinska
 
 
La récente épidémie d'Ebola en Afrique de l'Ouest, la pire jamais enregistrée, a fait des milliers de victimes et suscité une grande inquiétude dans le monde. Cependant, ses effets sont relativement marginaux si on les compare à ceux du sida qui, en dépit des progrès réalisés en matière de traitement, fait toujours plus d'un million de victimes par an, la majorité en Afrique.

Le Dr Timothy B. Erickson, directeur du Centre de santé mondiale à l'Université de l'Illinois à Chicago, a tenu à le préciser lors d'une manifestation organisée par le Rotary à Evanston le 1er décembre pour marquer la Journée mondiale contre le sida : « Même si l'épidémie d'Ebola est à un niveau encore jamais atteint, elle restera sans commune mesure avec celle du sida. Le virus Ebola fait les titres des journaux car cette maladie est encore difficile à expliquer, mais cela ne doit pas nous faire oublier des maladies bien plus redoutables. »

Mettant en garde contre la lassitude des bailleurs de fonds qui nuit au financement de la prévention et de la recherche contre le sida, M. Erickson affirme que les progrès biomédicaux réalisés sont très prometteurs et qu'il n'a jamais été aussi important de financer ces travaux. Les traitements actuels font qu'un individu porteur du VIH peut mener une existence parfaitement normale. En outre, une personne séropositive qui suit un traitement a 95 % moins de chances de transmettre la maladie qu'un malade ne suivant pas de traitement.

Le Rotary est impliqué dans la lutte contre le sida car la prévention et le traitement des maladies figurent parmi ses axes stratégiques. De nombreux Rotary clubs font du travail de sensibilisation dans les écoles et l'Amicale d'action des Rotariens pour la santé familiale et la prévention du sida (RFHA) organise de grandes manifestations en Afrique sub-saharienne durant lesquels des tests de dépistage sont réalisés et des conseils sont dispensés.

Malgré ces progrès, trop de patients ne reçoivent pas l'aide dont ils ont besoin. Un obstacle majeur reste la stigmatisation dont souffrent les séropositifs.

Matt Richards, directeur de Care2Prevent à l'Université de Chicago, un programme de traitement et de préventions du sida chez les enfants et les adolescents confirme cette crainte : « L'anticipation de la stigmatisation à laquelle ils risquent d'être confrontés est un frein au dépistage et dissuade les patients d'aller chez le médecin. Aux États-Unis, moins de 25 % des séropositifs suivent un traitement. »

L'Amicale RFHA s'efforce de lutter contre cette stigmatisation et de toucher un maximum de personnes grâce à ses Journées de la santé familiale qui permettent de vacciner les enfants contre la polio et la rougeole tout en proposant aux adultes des tests pour le dépistage de la tuberculose, du paludisme, du diabète, de l'hypertension et du sida. Marion Bunch qui a fondé cette amicale après que son fils soit décédé du sida en 1994 explique qu'en « offrant des services variés, il est possible d'attirer un grand nombre d'individus qui ne se déplaceraient pas si le sida était exclusivement ciblé ».

Grâce à des partenariats avec des gouvernements, des organisations non gouvernementales et des fondations privées, cette Amicale d'action continue d'étendre la portée de ses Journées de la santé familiale qui sont passées d'une centaine de sites en Ouganda et au Nigeria en 2011 à 414 le printemps dernier en Ouganda, au Nigeria, au Ghana, en Afrique du Sud et au Swaziland. Enfin, l'association a négocié le sponsoring de MTN, une société de télécommunications africaine, pour les journées prévues en Afrique du Sud l'an prochain.