Par Stephen Yafa.
Tiré d'un article publié dans le numéro de janvier 2014 de The Rotarian

 
 
 
L'homme allongé sur le ventre n'a pas envie de rire. Une aiguille injecte de l'encre dans son mollet gauche avec la force d'un marteau-piqueur miniature. « Imaginez un millier de piqûres d'abeille, déclare Dane Wunderlich en souriant. Ou de toutes petites coupures de rasoir. » Selon Luke Pytlik, le tatoueur en train de dessiner une roue du Rotary que Wunderlich sera fier de montrer le restant de sa vie, cela ressemble à des coups de poignard minuscule mais incessants.

Pytlik et Wunderlich sont tous deux membres du Rotary club Jeunes générations de Temecula Valley situé à mi-chemin entre Los Angeles et San Diego. Wunderlich est actuellement président du club tandis que Pytlik en est à la fois le chef du protocole et le responsable Action internationale. Rien de surprenant pour Wunderlich dont la mère est une Rotarienne de longue date. Par contre, pour l'ancien marine Pytlik, il lui a fallu attendre 2012 et un Échange de groupes d'étude en Inde pour que le Rotary entre dans sa vie. Il affirme aujourd'hui que le Rotary est devenu sa religion.

Luke Pytlik s'est mis en tête de parcourir en juillet dernier les près de 339 km du sentier de randonnée John Muir Trail qui mène au mont Whitney, premier sommet des États-Unis (hors Alaska) culminant à 4 421 m d'altitude. Durant sa préparation lui est venue l'idée de profiter de cette randonnée pour collecter des fonds qui servirait à remettre en état une école primaire dans la petite ville de Francisco Laguna au Nicaragua. Pour réunir cet argent, il a envoyé des flyers, utilisé les réseaux sociaux et fait des présentations dans les autres clubs de son district. Mais, c'est surtout en parlant de son projet à ses clients qu'il a obtenu des résultats.

Sa débrouillardise, sa témérité et son côté imperturbable sont certainement les qualités qui ont séduit les Rotariens du district 5330 en charge de sélectionner les membres de leur équipe Échange de groupes d'étude. Luke Pytlik qui est issu de milieux défavorisés ne s'attendait toutefois pas à découvrir une telle pauvreté en Inde. Voir des hommes prendre leur douche au milieu de la rue à l'aide d'un tuyau ou des marchands vendre des dentiers disposés à même le sol a complètement changé le regard qu'il porte sur le monde. « À mon retour, j'ai commencé à m'arrêter de me plaindre et de me lamenter sur mon sort, confie-t-il. Le Rotary m'a ouvert les yeux. On dit souvent que les Rotariens sont égoïstes, car ils sont fiers de ce qu'ils accomplissent pour les autres. C'est une forme d'égoïsme qui me convient parfaitement. »