LA POLIO EN PHASE FINALE.
 
 
Par Christophe Courgeon
Rédacteur en chef du Rotarien

 
 

Afin de préparer la Journée mondiale contre la polio du 24 octobre, les responsables français du programme PolioPlus ont convié des journalistes le 15 octobre à Paris. Cette rencontre a eu lieu en présence de représentants de l’OMS et de l’association française des victimes de la polio.

Plusieurs titres de presse avaient répondu à l’invitation de Serge Gouteyron, conseiller PolioPlus pour la zone 11* et de Christian Michaud, coordinateur “End Polio Now” pour la zone 11 et le Maghreb. Débuté en 1985, le programme PolioPlus du Rotary, rejoint principalement par l’OMS, a permis de faire reculer de 99% le nombre de nouveaux cas en trois décennies, par la vaccination systématique des enfants dans les pays où la maladie est endémique.

Aujourd’hui, les rares nouveaux cas de polio sont recensés dans trois pays : le Nigeria, l’Afghanistan et le Pakistan. Quelques résurgences vite enrayées ont été constatées dans plusieurs pays, dont récemment la Somalie et le Kenya. Malgré les difficultés, l’OMS est confiante pour une éradication totale proche.

  La vaccination à 100%… sinon l’échec.

Oliver Rosenbauer, porte-parole de l’OMS de l’Initiative mondiale pour l’éradication de la polio, a souligné que cette maladie est l’une des rares à être éradicable ; on n’en guérit pas et seule la vaccination sauve. Au cours de l’année 2012, 223 nouveaux cas dans le monde ont été détectés, contre 350 000 en 1985. Ces dernières années, 400 millions d’enfants sont vaccinés tous les ans dans les pays à risque.

Les principaux problèmes demeurent l’accessibilité aux régions concernées, le respect de la chaîne du froid, l’obscurantisme qui a parfois conduit à l’assassinat de membres d’équipes de vaccination ; au cours de cette année, plusieurs personnes ont été tuées au Pakistan, victimes de fondamentalistes qui voyaient dans les vaccinations une stérilisation de la jeunesse. Si l’on arrêtait aujourd’hui les vaccinations, 10 millions d’enfants seraient touchés par la maladie en 40 ans. Sur le plan purement financier, la disparition complète de la polio ferait économiser 50 milliards de dollars…

 Un optimisme qui s’appuie sur des réalités.

Serge Gouteyron a rappelé que des doutes sur la possible éradication ont été émis depuis 30 ans. Toutefois, on peut aujourd’hui être optimiste grâce aux progrès des vaccins et à l’ampleur des moyens financiers. 4,5 milliards de dollars ont en effet été promis d’ici 2018 par les grandes fondations et de nombreux gouvernements : Sanofi va offrir d’importantes quantités de vaccins et la Fondation Rotary et la Fondation Bill et Melinda Gates apporteront 500 millions de dollars chacune ; la somme apportée par le Rotary s’ajoutera au milliard de dollars déjà fourni depuis 1985… sans compter les dizaines de milliers de bénévoles rotariens qui se sont investis dans les campagnes de vaccination sur le terrain.

Il manquerait toutefois, d’ici 2018, un milliard de dollars pour chever le programme d’éradication. “Le combat contre la polio n’empêche pas de s’attaquer à d’autres maladies, bien au contraire” dit Christian Michaud ; en effet, les vaccinations contre la polio sont accompagnées de luttes contre la rougeole ou le tétanos. La disparition de deux des trois types de poliovirus prouve que des progrès significatifs ont été réalisés. L’absence de tout nouveau cas en Inde depuis deux ans, pays qui représentait pourtant le principal foyer de cette maladie il y a à peine cinq ans, montre que l’éradication totale est techniquement possible.

Les progrès de l’hygiène sont à amplifier car la polio est “la maladie des mains sales” : par les multiples actions de terrain qui touchent l’eau ou l’éducation, les Rotary clubs renforcent quotidiennement le combat mené par la Fondation Rotary contre la polio.