Une vie de connexions avec
le Rotary.
 
 
Par Stephen Yafa
The Rotarian

 
 
 
Cecil "Pancho" Padilla a l'émotion à fleur de peau quand il évoque son implication dans la mise en place d'un dispensaire dentaire à Mulege au Mexique. « Je me souviens de cette petite fille atteinte de la polio que nous avions déjà aidée et à qui nous avions cette fois trouvé une voiturette de golf pour qu'elle n'ait pas à ramper dans la poussière, » dit-il. Sa voix s'étouffe quand il parle du père de la fillette qui se tenait à l'écart du groupe : « Je suis allé vers lui pour lui demander pourquoi il n'était pas avec les autres et il m'a dit : Je suis gêné, honteux. Vous avez donné à ma fille ce que je n'ai pu lui donner. »

Dans ses activités sur le terrain avec le Rotary et dans plus de 70 pays, M. Padilla a toujours apporté son expertise de mécanicien sans laisser transparaître ses émotions. Ce n'est que quand il parle de ses expériences qu'elles ressurgissent rapidement.

À 72 ans et aujourd'hui retraité en Californie, M. Padilla consacre son temps à la rénovation de voitures anciennes, au motocross ou aux courses de dragster et il s'implique dans les activités de son Rotary club de Winters et avec Habitat pour l'humanité. Témoignage de sa passion pour le Rotary, il possède aussi une importante collection d'articles rotariens et il est depuis 2011 membre du Cercle Arch C. Klumph en reconnaissance de plus de 250 000 dollars de dons cumulés au fil des ans. « Devenu membre du Rotary club de Placerville, un peu contraint, à la demande de mon ancien patron, j'étais loin de me douter que cela allait se transformer en une passion pour aider les autres, » dit-il.

  DES DEBUTS MODESTES
Fils de petits fermiers mexicano-americains près de Sacramento, il vaque aux travaux de la ferme alors que ses parents sont obligés de travailler à la ville dans la journée pour subvenir aux besoins de la famille. « Ce n'est que quand on s'est moqué de moi à l'école pour mes vêtements rapiécés que j'ai compris que nous étions pauvres, dit-il. Mes frères, mes sœurs et moi avons quand même grandi heureux. »

Cette éducation dans la pauvreté a endurci les mains de M. Padilla mais pas son cœur. Lors du voyage à Mulege, il s'est instinctivement identifié à la fillette atteinte de la polio et à l'orgueil blessé de son père. « Partout où je suis allé, il y a toujours quelque chose qui m'accroche. Un parent ou un enfant qui me serre dans ses bras et qui ne veut pas me laisser partir parce que j'ai pu l'aider, c'est ce qui me pousse à revenir. »

Sa connexion avec le Rotary n'avait pourtant pas démarrée sous les meilleurs auspices. Pendant quatre ans, il assiste aux réunions du club de Placerville et rencontre les membres du club après le travail autour d'un verre, rien de plus. Mais lors d'une conférence de district à la fin des années 70, il rencontre Don Ratley, un dentiste qui voulait établir un dispensaire dentaire à Mulege. « Je parlais espagnol et il m'a donc demandé de l'accompagner pour traduire, » se souvient-il.

 Développement des compétences
En un mois au Mexique en 1979, Don Ratley le forme pour être son assistant, une compétence qu'il mettra ensuite à profit lors d'autres missions en Afrique et ailleurs. Ils créent un dispensaire rudimentaire où ils ne font essentiellement qu'arracher des dents cariées pour la bonne et simple raison qu'ils ne disposent d'aucun équipement pour les soigner. Grâce aux contributions de nombreux Rotary clubs, le dispensaire est aujourd'hui entièrement équipé pour des soins dentaires complets et les résidents ont gratuitement accès à tous les services.

Aujourd'hui, lorsqu'il n'est pas en mission pour le Rotary, M. Padilla est un peu le bras droit et chauffeur de Laura Day, gouverneur du district 5160, qu'il conduit pour visiter ses 71 clubs. « Après tant de temps passé ensemble en voiture, je le connais bien, dit-elle. Je sais qu'il a couché par terre au Salvador, qu'il a probablement porté les mêmes vêtements sales pendant une semaine lors de chantiers pour creuser une route ou construire un pont, qu'il a vacciné des enfants contre la polio, qu'il a aidé dans des dispensaires aux Philippines, au Mexique, au Népal et en Afrique, bref qu'il a fait ce qu'il y avait à faire. »

C'est donner de soi qui procure à M. Padilla une gratification intense et omniprésente. « Je n'ai peut-être pas les mots pour exprimer ce que je ressens, mais je sais toujours que je vais retirer quelque chose de chaque action, même de la plus modeste. Je me suis souvent demandé ce qu'aurait été ma vie sans ses expériences, » dit M. Padilla.

À l'horizon se profilent déjà un autre voyage d'un mois à Mulege avec deux équipes qu'il a montées, une mission en Haïti pour une action de reconstruction et un déplacement au Chili.