Par Pr Michel BRANCHARD
RC Brest Pointe d’Armorique
Coordonnateur Concours, District RI 1650
 

 
 
D’abord, quelques statistiques nationales : plus de 700 élèves et étudiants ont participé au Concours, cette année. Les essais de 50 d'entre eux ont été promus au niveau national (dont 4 pour notre District).
Le Prix national a été décerné à trois étudiants de l’UFR Médecine, Jacques Lisfranc, de Saint-Etienne, pour le mémoire : Ethique et réanimation des grands prématurés : le pari d'une vie. Pour la première fois, cette année, le prix de l’étudiant étranger francophone n’a pas été attribué, faute de participants (probablement, suite à une modification du règlement du concours).
Les distinctions suivantes ont été également décernées (en fonction des notes attribuées par les membres du jury national) :
  • 15 "Mention spéciale du jury" dont une, de façon exceptionnelle, avec félicitations (pour information, qui ne surprendra pas les fidèles du Concours dans le District, il s’agit de l’Ecole des Commissaires des Armées),
  • 23 "Mention" et 11 "Diplôme".
- A l'UNESCO, 38 établissements ont été représentés.

Maintenant quelques réflexions sur le « type » de participation : les Ecoles sont très largement majoritaires parmi les Etablissements inscrits. Cela s’explique notamment par le partenariat avec la CGE (Conférence des Grandes Ecoles), mais il y a aussi un problème global d’image. Il faut rendre le Rotary et le concours plus visibles auprès de la Conférence des Présidents d’Université et des directeurs d’UFR. Sachant cependant que, sollicité pour un partenariat sur le concours, Lionel Collet, Président de la Conférence des Présidents d'Université, avait, il y a quelque temps, répondu à Roger Lelu qu'il n'appartenait pas à l'Université de soutenir ce genre d'initiative. Mais les présidents changent… et les mentalités aussi !
Il convient donc de créer, d'entretenir et de développer des contacts directement aux différents niveaux des UFR (ex facultés). Certains Districts créent des clubs Rotaract dans les Universités, ce qui peut évidemment aider à la diffusion des infos sur le Rotary et le concours. Le nôtre, si mes renseignements sont exacts, est, comme la plupart des Clubs Rotaract, tourné vers les Ecoles. J’interviendrai auprès du prochain président pour qu’il tente de recruter dans les UFR.

Pour terminer, des informations sur le site national du concours : créé à la rentrée universitaire (automne 2013), suite à celui que j’ai créé sur Facebook, quelques mois auparavant, avec l’aide de Valérie, pour le District, il avait reçu plus de 11000 visites, il y a environ un mois, à raison de 80% de visiteurs français et de 20 % de visiteurs étrangers, dont 6% provenant des Etats-Unis. A ce dernier propos, nous sommes heureux d'apprendre que notre concours a reçu le soutien officiel de l'ONU à New-York et que, sur proposition de Serge Gouteyron, past vice-Président du Rotary international, Ed Futa, ex-secrétaire général du RI, va lancer une application du Concours dans les établissements d'enseignement supérieur américains.


Discours d'ouverture de Roger LELU, coordonnateur national.
 
Madame le Directeur Général de l'Ecole Spéciale des Travaux Publics représentant
Monsieur le Président de la Conférence des Grandes Ecoles,
Mesdames et Messieurs les Gouverneurs du Rotary et leurs Représentants
Mesdames les Coordonnatrices, Messieurs les Coordonnateurs des Districts du Rotary
Mesdames et Messieurs les Représentants des Ecoles et des Départements Universitaires
Mesdames et Messieurs,
Chers amis,

Dixième anniversaire de ce Concours Promotion de l'Ethique Professionnelle co-organisé par le Rotary et la Conférence des Grandes Ecoles ! Même si nous devons toujours progresser en nombre de candidats, nous avons de bonnes raisons d'être satisfaits : d'une part parce que grâce à notre site internet et selon une confirmation reçue à l'instant de Serge Gouteyron, past-vice-Président du Rotary international qui nous honore ce soir de sa présence, sur sa suggestion et après avoir obtenu le soutien officiel de l'ONU un projet d'extension du concours est en train de voir le jour aux Etats-Unis; d'autre part parce que dans notre pays plus de 900 étudiants y ont participé cette année contre 600 à 650 par an en moyenne les années précédentes.
Ici, ce soir, pour cette finale nationale, 73 d'entre eux seront récompensés dans quelques instants, accompagnés par les représentants de 38 établissements, Grandes Ecoles et Universités, qui nous honorent eux aussi de leur présence. Je vais vous rendre compte de la qualité des travaux de ces lauréats, de la hauteur de leur réflexion éthique, des grandes tendances qui se dégagent de leurs essais.

Mais je tiens tout d'abord, au nom de tous les Gouverneurs de France du Rotary que j'ai le grand honneur de représenter, à remercier vivement l'UNESCO en la personne de Madame Feinholz, Chef de la Section Bioéthique de la Division Ethique et Changement Global, de nous recevoir en ce lieu ô combien symbolique. Au siège de l'UNESCO, organisation fortement engagée sur l'éthique à l'échelle mondiale. Organisation prestigieuse par les valeurs humanistes qu'elle cherche à promouvoir, par son rayonnement universel. Notre présence ici accroît la crédibilité de notre concours et lui confère même une aura très appréciée. Contrairement à l'habitude, Madame Feinholz n'a pu se joindre à nous ce soir, la semaine dernière en Chine, cette semaine au Mexique avec une partie de son équipe, l'autre étant en Turquie. C'est donc avec plaisir que je lui transmettrai ce témoignage de notre profonde reconnaissance.

Nos remerciements s'adressent également à Monsieur Philippe JAMET, Président de la Conférence des Grandes Ecoles pour tout le soutien, si précieux, qu'il nous apporte dans la mobilisation de tous les étudiants sensibilisés à l'importance de l'éthique, essentielle, indispensable, plus que jamais, à la construction de la société de demain.

C'est aussi grâce à l'engagement de tous les Gouverneurs de France du Rotary, des Coordonnatrices et des Coordonnateurs entre le Rotary et les établissements d'enseignement supérieur qui ont également donné beaucoup d'eux-mêmes que nous avons pu conduire, tous ensemble mes chers amis, cette année encore, cette très belle action. Et lorsque je dis "tous ensemble", j'associe bien évidemment Anne-Marie Borderie qui, à mes côtés, a contribué elle aussi à cette réussite.

Vous toutes et tous, étudiantes et étudiants, Mesdames, Mesdemoiselles et Messieurs les lauréats, vous grâce à qui nous sommes tous réunis ce soir, c'est à vous que je m'adresse maintenant.

Globalement, la qualité de vos essais est absolument remarquable. Un tel investissement de votre part atteste certes de votre parfaite prise de conscience des problèmes du monde concernés par l'éthique. Ou qui devraient l'être. L'énoncé des thèmes de vos essais lorsque tout à l'heure vous serez appelés sur l'estrade donnera un aperçu de leur grande diversité, de la nature des phénomènes de société qui vous posent des questions éthiques auxquelles vous avez tenu à répondre. Pour définir votre propre système de valeurs, pour vous positionner vous-mêmes à l'approche de votre entrée dans la vie active ou pour préconiser des solutions applicables à toutes les activités professionnelles.

A ce propos, on note une évolution de votre cheminement intellectuel par rapport à celui des lauréats des années passées. Comme une adaptation de votre discours en quelque sorte, au gré des conjonctures, comme un nouveau stade à chaque fois dans la progression de votre pensée collective.
Par exemple, la crise financière révélée par la chute de Lehmann Brothers avait, à l'époque, fortement attisé les critiques de vos prédécesseurs, fustigeant les dérives consécutives à la financiarisation de l'économie, s'élevant contre les causes de cette crise, causes expliquées par Joseph Stiglitz, prix Nobel d'économie souvent cité dans les essais pour son ouvrage intitulé "Le triomphe de la cupidité".
Puis, avec le recul du temps et dans une acception beaucoup plus large, la crise est devenue crise de civilisation, crise de sens. Crise de sens d'un modèle de développement qui, certes a fait ses preuves en permettant au monde occidental d' atteindre un niveau de richesse et de progrès jamais égalé, mais n'est jamais basé que sur la poursuite d'idéaux seulement quantitatifs, et qui, dans une sorte de fuite en avant, pousse irrésistiblement à l'hyper-consumérisme, à la dévastation de la Planète, à l'enrichissement des plus riches et à l'appauvrissement des plus pauvres, pour ne citer que ces quelques exemples parmi beaucoup d'autres, comme autant d'inconvénients, selon vos aînés, d'un système dans lequel l'Homme et les générations futures ont été oubliés.

D'où la propension, chez les plus récents d'entre eux, à appeler de tous leurs voeux une civilisation de l'empathie, s'inspirant en cela de Jeremy Rifkin, visionnaire éclairé également cité dans leurs essais.

En ce qui vous concerne, on remarque de votre part un changement de champ d'investigation, plutôt circonscrit, d'une façon plus pragmatique, au monde du travail, des affaires, au monde de l'entreprise que vous intégrerez bientôt. Et votre approche se divise en deux tendances opposées. L'une manichéenne, déduite de la réflexion de Milton Friedman, économiste américain également prix Nobel d'économie, selon laquelle "la seule finalité de l'entreprise est de faire du profit". Indépendamment de toute considération éthique. Au point que pour certains d'entre vous l'expression "entreprise éthique" est un oxymore. La question se pose alors pour ceux-ci, et avec inquiétude, de la difficile adéquation de leur propre système de valeurs avec des finalités seulement productivistes qu'ils réprouvent au fond d'eux-mêmes. Que ceux-ci se rassurent! Et c'est là l'expression de la tendance opposée : s'inscrivant dans un courant prometteur (développement durable, responsabilité sociétale de l'entreprise, norme ISO 26000, néo-management…), certains autres considèrent au contraire l'entreprise comme une actrice déterminante de l'éthique collective, et qu'il est possible de vivre l'entreprise, ce microcosme dans lequel on passe le plus clair de son temps, comme l'entité idéale pour y conjuguer simultanément les valeurs de création de richesses et les valeurs humanistes, c'est-à-dire toutes les vertus du bien-vivre ensemble, à cultiver, à promouvoir, à faire rayonner autour de soi. Y compris hors de l'entreprise bien entendu. Créées selon ces nouveaux principes, à l'initiative de leaders de la génération montante, avec des méthodes managériales révisées, une nouvelle conception des rapports humains, des entreprises réalisent cet équilibre entre l'économique et le social à la satisfaction de toutes leurs parties prenantes.

De toute façon, quelle que soit votre angle d'approche de l'éthique, toutes et tous, directement ou indirectement, vous souhaitez que notre système soit rééquilibré. Réinventé. Tous vos essais traduisent votre appel à la raison, à la vérité, à la mesure pour mettre un terme aux dérives. Tous vos essais expriment votre souhait de cultiver à titre individuel des qualités, des valeurs telles que l'honnêteté, l'équité, la solidarité, le respect mutuel, la droiture, l'humilité, l'intégrité, la probité, la confiance réciproque, la transparence, l'altruisme, c'est-à-dire votre souci de l'autre, cet autre soi-même à la fois si différent et si semblable, égal en dignité. Votre souci de l'autre et des autres. C'est en cela qu'ils présentent un point commun, s'inspirant tous de cette philosophie humaniste qui, prônant la liberté et la responsabilité individuelles, place le bonheur de l'Homme, non pas comme un moyen, mais comme une fin en soi, et sans exigence de réciprocité, au cœur de toutes les préoccupations.

En tant que membres de l'encadrement dans vos secteurs divers d'activités, vous serez très bientôt désormais les acteurs responsables de ce nouvel équilibre à trouver, de ce monde à venir, qui se construira par vous, grâce à vous. Soyez donc toutes et tous félicités de votre engagement à vivre ainsi une vie bonne par et pour les autres, au sens où l'entendait Paul Ricoeur, philosophe de référence, c'est-à-dire à faire tout ce qui, en votre âme et conscience, rendra le monde meilleur. Par vos convictions, par votre volonté à les mettre en œuvre, à les faire partager dans votre vie professionnelle et dans votre vie privée, vous êtes porteurs d'espérance. Managers, décideurs, leaders charismatiques, vous serez demain porteurs de sens. Et, comme le dit Michel Serres de ses étudiants de Stanford et de Berkeley, vous êtes déjà, vous aussi, les annonciateurs de cette renaissance tant attendue. Nous en sommes nous-mêmes persuadés, puisqu'à lire tous vos essais nous en avons perçu nous aussi les frémissements.

"Soyez en félicités" ai-je dit. Soyez- en également remerciés !
Très chaleureusement !
Roger Lelu
 
 
JURY NATIONAL :
MEMOIRES ET MENTIONS correspondantes pour le DISTRICT 1650
 


  • L’éthique freine-t-elle le progrès ? La recherche scientifique peut-elle s’affranchir de toute éthique ?
  • Mention Spéciale du jury
  • De la sécurité des aliments à l’éthique professionnelle en Afrique subsaharienne
  • Mention
  • La place de l’animal dans la société : entre admiration et déni.
  • Mention
  • Prologue d’une morale économique. Moraliser l’économie ou économiser l’éthique?
  • Mention Spéciale du Jury