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RETOUR D'HAÏTI : « LE SOL FAISAIT DES VAGUES »
 
 
Le Lannionais Jean-Pierre Le Goff, membre du Rotary Club de Lannion, est conseiller auprès du représentant du gouvernement haïtien pour la gestion des fonds européens. Alors que quatre de ses collègues de bureau sont morts dans le séisme, lui n'a qu'une idée : repartir apporter son aide.
 
 
Consultant spécialisé dans la finance, Jean-Pierre Le Goff a vécu de près d'autres tragédies : les massacres du Rwanda, par exemple. Mais face aux alignements de cadavres et aux milliers de tonnes de gravats des rues de Port-au-Prince, ce qui domine en lui c'est le sentiment d'impuissance, l'impossibilité de négocier. « L'image qui me revient le plus, c'est celle de l'interminable complainte de cette femme, assise sur une chaise, au pied de sa maison effondrée, et qui pleurait son enfant. Je suis passé une première fois à 8h, mercredi, devant elle, puis une deuxième fois vers 13h30. Elle n'avait pas bougé, pas changé d'expression. Et je ne pouvais rien faire pour elle. »

L'immeuble de mon bureau s'est effondré

Quand la terre a tremblé, mardi, à 16h55, Jean-Pierre Le Goff était en train d'acheter des piles dans un magasin de Pétionville. «Pourquoi j'ai quitté le boulot plus tôt ce jour-là? Je ne sais pas. L'immeuble où se situe mon bureau s'est effondré. Quatre de mes collègues sont morts. De la même façon, si la catastrophe s'était produite deux heures plus tard, j'aurais été enseveli sous les décombres de l'hôtel Montana où je devais participer à une réunion du Rotary club. Bien sûr que je me sens rescapé. Pourtant, le séisme était prévisible, inscrit dans l'histoire prochaine d'Haïti.» Ironie du sort, il travaillait, entre autres dossiers de financement en Haïti, sur un projet de veille sismique...

Le supermarché réduit à un millefeuille de béton

« Quand la terre a tremblé, j'ai vu le sol faire des vagues. Pour moi, cette minute aduré un siècle. C'était l'affolement, on ne tenait pas debout. Je suis sorti à quatre pattes de la boutique. Un mur s'est écroulé sur ma voiture. J'ai vu l'immense nuage de poussière s'élever au-dessus de la ville et j'ai compris que c'était grave .»
 
Situé dans le riche quartier des ambassades, l'appartement du Lannionais n'a pas souffert. «À18h, en Haïti, il fait déjà nuit. J'ai passé la soirée chez des amis, on entendait les nouvelles à la radio mais il m'a fallu attendre le lendemain pour me rendre compte. Sur les 8km à pied qui me séparaient de mon bureau: horreur et désolation. Je ne suis pas allé jusqu'au cœur de Port-au-Prince, mais déjà, à Delmas, le supermarché, bondé à l'heure du séisme, était réduit à un millefeuille de béton. Mon bureau aussi était effondré. Les places étaient gorgées de sans-abri, les rues jonchées de cadavres, mais la ville restait silencieuse, comme hébétée.» Jean-Pierre Le Goff a été rapatrié en France dès jeudi. «Nous, Français d'Haïti, sommes si privilégiés», concède-t-il. Entre deux valises (il part pour Bruxelles), le Lannionais a les yeux rivés sur les «news» des chaînes télé, et l'oreille vissée à son combiné de téléphone. «Le peuple haïtien est extraordinaire. Mes collègues n'ont pas enterré leurs morts, qu'ils sont déjà en réunion, pour voir comment ils vont pouvoir se réorganiser et se remettre au travail. Un tel courage, ça fait chaud au cœur.»
 
 
 
Reconstruction. Agir avant la saison des cyclones
 
 
Les drames n'épargnant pas Haïti, Jean-Pierre Le Goff craint le retour des cyclones, en juillet. Il va falloir reconstruire, vite.
 
La mission de Jean-Pierre Le Goff, conseiller technique auprès de l'ordonnateur national (premier ministre) haïtien court jusqu'en septembre2011. « Je me tiens prêt à repartir, dès lors qu'on aura besoin de moi. » En attendant, le membre du Rotary club de Lannion espère mobiliser les bonnes volontés en Bretagne. « L'urgentissime - soins médicaux, alimentation en eau, nourriture, tentes - est du domaine des professionnels de l'humanitaire. Cela va nécessiter de gros moyens mais il faut déjà penser aux soutiens financiers à apporter par la suite », souligne-t-il. « Il va falloir commencer par déblayer des millions de tonnes de gravats. Les hôpitaux, dispensaires, écoles, conduites d'eau potable sont détruits. Des centaines de milliers de logements seront à reconstruire. Et Port-au-Prince n'est pas la seule ville touchée. Jacmel, plus au Sud, est aussi sinistrée ».
 
Echelonner les dons
 

Aussi le consultant appelle-t-il les Français à échelonner leurs dons pour, au-delà des aides d'urgence, ne pas oublier Haïti au cours des mois prochains. «Les gens, plus d'un million, n'ont plus rien. Or, en juillet, arrive la saison des cyclones.»

 
Vos dons, vos chèques sont à établir à l'ordre de Rotary Actions et à adresser à
Jean-Pierre Meulin, RC Lannion, 44 rue Paul Saliou, 22700 Perros Guirec.
 
 
Valérie Cudennec-Riou  
Le Télégramme de Brest   – 20 janvier 2010